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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0190

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172

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Chantilly, notamment, sur l’origine desquels M. Moreau-Nélaton a fait ici-même
de si curieuses révélations, sont-ils de Perréal, de Jean Clouet, de Godefroy le
Batave? « Pour quiconque ne se contente pas d’à peu près, la question reste
ouverte. L’œuvre du vieux Janet, qui s’étale peut-être sous nos yeux à Chantilly
sans que rien nous autorise à l’affirmer, demeure inconnue et le demeurera
jusqu’au jour où surgira par quelque heureux hasard un document irrécu-
sable. »

Pour François Clouet, au contraire, nous sommes désormais en possession
d’une certitude. On sait que nous avons au Louvre, depuis quelques semaines, un
beau portrait de lui, signé et daté, et — sauf, bien entendu, dans l’ouvrage de
M. Moreau-Nélaton— on a pu apprendre partout quelle part celui-ci a prise à
cette acquisition. On apprendra du moins de lui qui est ce Petrus Qutlius que
l’inscription dit simplement âgé de 43 ans en 1562 et ami intime de l’artiste.
Trompés par l’herbier entr’ouvert près de lui, M. Th. von Frimmel, qui avait le
premier signalé ce portrait, M. Moreau-Nélaton lui-même, et d’autres encore,
l’avaient cherché parmi les savants botanistes de divers pays, car on désespé-
rait déjà de rencontrer son nom en France. Mais, grâce notamment à M. IL Stein,
il vient d’être identifié avec l’apothicaire Pierre Quthe, signalé dans divers actes
contemporains, propriétaire d’un jardin botanique renommé et proche voisin de
Janet, dans le quartier du Temple. Si l’on veut délimiter la part de François
Clouet dans l’art de son temps, on ne peut donc rencontrer un point de départ
plus solide que cette œuvre capitale.

Et voici déjà qu’elle garantit l’authenticité de peintures jusque là plus ou
moins incertaines. Le grand Charles IX de Vienne, dont l’inscription, malheureu-
sement en partie restaurée pouvait causer quelque inquiétude par ses contradic-
tions, s’en rapproche par tant de particularités de facture qu’aucun texte n’est
désormais nécessaire pour légaliser la signature de Janet. Le grand Henri II des
Offices, dont le rideau rigoureusement identique à celui du portrait de P. Quthe
est plus décisif encore qu’une signature, en est aussi inséparable. La Femme au
bain de la collection de Sir Fr. Cook, qu’accompagne un rideau analogue, et qui
avait été refusée à Clouet, malgré l’inscription formelle « Janctii opus », lors de
l’Exposition des Primitifs, lui sera également rendue. D’autres effigies de la cour
des Valois suivront bientôt, depuis les portraits de François Ier âgé jusqu’à ceux
d’Élisabeth d’Autriche. (Le plus célèbre de ceux-ci paraît cependant, en dépit de
Gaignières, bien difficile à donner à notre artiste). En tout cas, nous pourrons
nous inspirer de la prudence exemplaire avec laquelle M. Moreau-Nélaton ne
manque pas de nous orienter dans cette voie.

Si les faits acquis confirment pour les peintures plus d’hypothèses qu’il n’en
contredisent, il n’en est pas de même pour les crayons, et ceci est fort important,
car c’est dans les crayons, on le sait, qu’il faut chercher au xvie siècle le proto-
type de la plupart des portraits peints. Considérons comme fondée la démonstra-
tion ingénieuse qui nous montre le Charles IXde l’Ermitage dessiné par Clouet en
1566 et retouché par lui en 1569 pour servir au portrait de Vienne; acceptons
d’autres rapprochements fort séduisants : nous aurons des raisons bien pres-
santes de refuser à Clouet le groupe de crayons qu’on lui attribuait naguère le
plus volontiers, ceux du recueil déjà célèbre dit de Foulon ou de Lécurieux, à la
Bibliothèque Nationale. La discussion reste ouverte aux comparaisons techniques.
 
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