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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 3
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Bonnefon, Paul: Charles Perrault commis de Colbert et l'administration des arts sous Louis XIV, 1: d'après des documents inédits
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0233

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CHARLES PERRAULT COMMIS DE COLBERT 213

beaux pour la blancheur et le grain, mais pleins de fils; en sorte qu’on ne
peut pas y trouver un bloc de la grandeur qu’il le faut. Il croit que M. le
cavalier se tiendra à celui qu’il a vu chez le sieur Guérin, sculpteur, vou-
lant néanmoins voir encore celui du Val-de-Grâce qui est scié. On m’a dit
qu’il s’y était découvert de nouvelles taches bleues, de sorte qu’il ne serait
peut-être pas besoin de le faire amener. M. le cavalier doit l’aller visiter
aujourd’hui et dire ce qu’il veut qu’on fasse. J’oubliais de dire que l'élève
etPoissant passèrent par Berny en revenant, leur ayant été dit qu'il y avait
des marbres, mais ils n’en trouvèrent point delà taille qu’ils les demandent.
Cette exacte recherche fait voir à M. le cavalier le soin que l’on prend de
cette affaire.

J’ai envoyé dès le matin avertir le sieur Pastel d’aller trouver Monsieur ;
mon billet lui a été donné à lui-même.

Les riscetons1 ont reçu leurs 1.500 livres dès huit heures du matin. Ils
les reçurent dimanche à trois ou quatre heures de l’après-midi et tous les
ouvriers qui voulurent aller chez le Trésorier.

Les deux blocs de marbre que Bernin avait choisis pour faire son
buste lui furent remis le 30 juin. Et, si l’on en croit Perrault, le
Bernin se mit bientôt à l’attaquer : « Il travailla d’abord sur le marbre
et ne fit point de modèle de terre, comme les autres sculpteurs ont
accoutumé de faire ; il se contenta de dessiner en pastel deux ou trois
profils du visage du roi. » Est-ce vrai? Chantelou parle d’un modèle;
faut-il entendre par là une maquette de glaise ou un simple dessin?
Quoi qu’il en soit, aussitôt que l’œuvre fut commencée, elle fut
menée avec entrain: le roi vint fréquemment poser chez le cavalier,
surtout quand la Cour fut rentrée de Saint-Germain à Paris. Mais
les courtisans pénétrèrent aussi en plus grand nombre dans l’atelier
du Bernin et tout le monde ne se contint pas sur l’appréciation de
l’œuvre en cours. Les uns trouvaient le nez trop gros, d’autres les
yeux disparates, et l’artiste ne se faisait pas faute d’attribuer ces
défauts au modèle. Nanteuil, le graveur ami de Perrault, les Perrault
eux-mêmes critiquaient les détails du buste sans ménagement et
faisaient ressortir par où il péchait. Toutes ces remarques, qui par-
venaient aux oreilles du cavalier, l’indisposaient, mais il se hâtait
d’achever le buste du roi, qu’il voulait avoir fini avant de quitter la
France. Le 13 octobre, l’œuvre était portée au Louvre, où il ne
semble pas qu’elle ait obtenu d’abord tout le succès que l’auteur en
escomptait. C’était pourtant une belle œuvre décorative et empha-
tique, faisant revivre aux yeux un Louis XIV séducteur et triom-

1. C'étaient des maçons d’élite et payés plus cher que les autres.
 
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