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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 5
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Hepp, Pierre: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0414

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

année cités à la barre pour témoigner devant le public en faveur des
tentatives que l’on soumet à sou arbitrage. Sauf Monticelli, ces
témoins sont représentés d’une manière assez trompeuse, le Greco
surtout, dont l’exposition improvisée nous paraît inapte à donner
aux visiteurs mal avertis l’idée la plus réduite de l’auteur des Funé-
railles du comte d'Orgaz.

C’était un louable projet que celui de rendre hommage au Greco,
mais mieux eût valu l’abandonner que de le réaliser pauvrement.
Sur vingt toiles, huit à peine sont des échantillons susceptibles
d’animer la curiosité des dilettantes et d’inciter l’opinion à réclamer
une exposition plus complète. Ceci dit, ne faisons pas fi de l’étonnante
Vue de Tolède, hérissée vers un ciel dramatique; de l’austère Appa-
rition de saint Jean-Baptiste, aux tons argentés, aux gris rares, à la
désolation terrible; de la séduisante Sainte Famille, pleine de
charme hispano-vénitien. Ne négligeons pas non plus les deux por-
traits, qui ont de la griffe, en particulier celui du Cardinal de
Guervara, magnifiquement individuel1. 11 y aurait mauvaise foi de
notre part à bouder les quelques pages détachées d’un livre que
nous savons admirable. On comprendra toutefois qu’à cause de
notre admiration même nous eussions préféré que ceux des visi-
teurs du Salon pour qui le nom du Greco n’évoquait rien auparavant
emportassent de son contact un souvenir plus proche de la vérité
que celui dont les éléments sont relégués à l’arrière-plan de la
section rétrospective.

Le premier plan de cette section est, par contre, brillamment
occupé par cent soixante-dix-sept ouvrages de Monticelli2. C'est une
révélation. Le peintre provençal en sort grandi et rajeuni. Depuis
sa mort, on ne l’avait pas honoré d’une manière semblablement
heureuse et, dans sa survie, le millésime 1908 chiffrera sans doute
une étape décisive. Il se peut en effet que les méditations suggérées
par une aussi plénière assemblée de ses travaux aient une influence
marquée dans l’orientation des recherches contemporaines. On s’est
jusqu’ici beaucoup plus préoccupé du lyrisme de Monticelli que de
sa technique. Or, il appert nettement d’un examen général de son
œuvre, que sa poétique était de portée fort inférieure à son esthé-
tique et qu’en le prenant comme peintre on rend plus de service à

1. C’est vraisemblablement une réplique du portrait de la collection Huve-
meyer, de New-York.

2. V. sur Monticelli l’essai du comte Robert de Montesquiou dans la Gazette
des Beaux-Arts de février 1901.
 
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