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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 5
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Hepp, Pierre: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0432

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pâture plus résistante. L’idée de sujet, que consacrent M. Maurice
Denis et M. Piot, est inconnue à M. Lemordant. Il s’estime obligé
d’être monotone pour être harmonieux, uniforme pour être un.
Impressionnisme, ce sont là de tes contre-coups! Encore, si M. Le-
mordant possédait la puissance lumineuse des impressionnistes!...
Il en est, hélas! éloigné. Son coloris est atone et coriace, ses
touches ne frayant pas entre elles. M. Lemordant devrait confier sa
palette à un accordeur et nous ne verrions pas d’inconvénient à ce
que cet accordeur fût M. de Vlaminck ou M. van Dongen.

S’arrêter devant les Marguerites de M. Lacoste est un repos salu-
taire aux pupilles écorchées par M. Lemordant. L’humilité d’âme,
chassée de partout, s’est réfugiée chez M. Lacoste, doux poète, recueilli
et discret, qui se penche sur les fleurs avec un touchant attendris-
sement. Quant à la gentillesse, elle a élu domicile chez M. Lebasque,
qui propose une dînette savoureuse et de parfait aloi à ceux que
désappointe le menu du Salon d’Automne.

Ce menu n’est du reste pas composé que de dessin, de fresque
et de peinture. Comme secrètement averti que quantité de projets
auxquels il prête asile ne seraient exécutables que dans un monde
renouvelé de toutes pièces, ce Salon accueille en confusion les den-
rées les plus diverses. Pour toucher un mot des meilleures, cessons
ici notre inventaire pictural, tout incomplet qu’il est.

En allant vers les sculptures, semées au hasard du local, accor-
dons, au passage, quelques minutes aux eaux-fortes loquaces de
M. Naudin, aux aquarelles et gravures de M. John Marin — de sque-
lette un peu frêle, mais d’une sensiblité whistlérienne très sédui-
sante et très fine,—aux bois de M. Paul Colin, bien équilibrés,
sérieusement traités, mais manquant un peu de fond.

D’entre les sculpteurs, détachons d’abord M. Albert Marque. Le
lucide talent de M. Marque gagne, à pas lents et surs, un but qu’il
touchera bientôt et qui le classera dans la descendance de Clodion.
Cette année-ci, c’est du côté du calme et de la gravité que M. Mar-
que a le plus acquis, et son petit Bacchus est, à cet égard, le plus
significatif de ses envois. 11 ne doit pourtant pas nous distraire de
la Femme se coiffant, dont on oublie la stature courtaude et légère-
ment formulaire, tant l’entente y est bonne de la distribution des
plans pour capter la lumière ambiante, entente insoupçonnée des
plâtres et marbres de M. Ivan Mestrovic.

Cette remarque incidente laisse intactes les sévères qualités de
M. Mestrovic, que jamais ne déride un sourire. Une conscience
 
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