LE SALON D’AUTOMNE
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jalouse et tyrannique régit le labeur pointilleux de M. Mestrovic.
Rien ne lui échappe des multiples détails du modèle et elle ne con-
sent à en sacrifier aucun à l’expression individuelle d’une idée. De
sorte qu’en M. Mestrovic le pouvoir imaginatif soutient une lutte
ininterrompue contre le pouvoir descriptif, sous le poids duquel il
succombe régulièrement. Il en résulte des ouvrages bâtards, ana-
lytiques et synthétiques à la fois, témoignant d'une excessive sin-
cérité, décourageants,
parce que leur importance
esthétique n’équivaut pas
à la somme de fatigues
qu’ils ont coûtée. Du moins
M. Mestrovic suit-il ses
inclinations et court-il la
chance, s’il se simplifie,
que ce soit selon sa nature
propre. Il est par là fort
en avance sur M. Kafka,
qui n’a pas encore fixé son
choix entre M. Rodin,
l’Ecole des Reaux-Arts et
M. Troubetzkoy.
M. Soudbinine inspire
plus de sécurité comme
portraitiste que comme
penseur et interprète de bouquet de marguerites
, , .. T , , i PAR M. CHARLES LACOSTE
1 Evangile. Le style de son
(Salon d’Aulomne.)
Baiser de Judas n’est
guère plus grand que celui des animaux de M. Rugatti, ce qui n’est
pas peu dire. Signalons les bustes à caractère de M. de Niederhau-
sern et de M. Claret, Y Eveil placidement caressé par M. Wittig, et
le Masque au vivant modelé de M. Le Cour; puis, inspectons les
vitrines des céramistes, où se manifeste, en général, un raffinement
délicieux, tellement en nuances que le goût se refuse à porter un
jugement précis, ne pouvant hiérarchiser à coup sûr ses modulations
les plus ténues. Nous croyons, cependant, rester équitable en citant
M. André Metbey avant MM. Decœur, Lenoble, Massoul et Pointu
et en mentionnant spécialement Al. Rivaud pour son Urne cinéraire,
d’un mâle et fruste aplomb, de physionomie austère et concentrée.
Après les céramiques, les tapisseries nous requièrent. La riche
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jalouse et tyrannique régit le labeur pointilleux de M. Mestrovic.
Rien ne lui échappe des multiples détails du modèle et elle ne con-
sent à en sacrifier aucun à l’expression individuelle d’une idée. De
sorte qu’en M. Mestrovic le pouvoir imaginatif soutient une lutte
ininterrompue contre le pouvoir descriptif, sous le poids duquel il
succombe régulièrement. Il en résulte des ouvrages bâtards, ana-
lytiques et synthétiques à la fois, témoignant d'une excessive sin-
cérité, décourageants,
parce que leur importance
esthétique n’équivaut pas
à la somme de fatigues
qu’ils ont coûtée. Du moins
M. Mestrovic suit-il ses
inclinations et court-il la
chance, s’il se simplifie,
que ce soit selon sa nature
propre. Il est par là fort
en avance sur M. Kafka,
qui n’a pas encore fixé son
choix entre M. Rodin,
l’Ecole des Reaux-Arts et
M. Troubetzkoy.
M. Soudbinine inspire
plus de sécurité comme
portraitiste que comme
penseur et interprète de bouquet de marguerites
, , .. T , , i PAR M. CHARLES LACOSTE
1 Evangile. Le style de son
(Salon d’Aulomne.)
Baiser de Judas n’est
guère plus grand que celui des animaux de M. Rugatti, ce qui n’est
pas peu dire. Signalons les bustes à caractère de M. de Niederhau-
sern et de M. Claret, Y Eveil placidement caressé par M. Wittig, et
le Masque au vivant modelé de M. Le Cour; puis, inspectons les
vitrines des céramistes, où se manifeste, en général, un raffinement
délicieux, tellement en nuances que le goût se refuse à porter un
jugement précis, ne pouvant hiérarchiser à coup sûr ses modulations
les plus ténues. Nous croyons, cependant, rester équitable en citant
M. André Metbey avant MM. Decœur, Lenoble, Massoul et Pointu
et en mentionnant spécialement Al. Rivaud pour son Urne cinéraire,
d’un mâle et fruste aplomb, de physionomie austère et concentrée.
Après les céramiques, les tapisseries nous requièrent. La riche