Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 40.1908)

LES PREMIERS PEINTRES DU PAYSAGE PARISIEN 443

Grandes Chroniques de France, la réception sur la route de Saint-
Denis, au milieu d’un verdoyant vallonnement, de l’empereur d’Al-
lemagne par les deux prévôts, escortés des échevins1... Précise ou
généralisée, c’est une bien réjouissante vision de la nature à la
sortie de Paris ! Vision que rien encore n’est venu ternir ni assombrir
des recettes picturales d’atelier; qui, sur le parchemin, s’est repro-
duite intacte, avec ce sentiment de La légèreté, de la limpidité Ms-

la SEINE AU PIED DU LOUVRE VERS 164 0, PAR ZEEMAN
(Musée du Louvre.)

sonnante du « plein air », que l’art mettra plus de quatre cents ans
à se voir restituer.

Pour longtemps, en effet, l’italianisme, par le prestige d’une
esthétique parvenue à son plein épanouissement, va détourner de
l’observation de ces charmantes réalités locales. Durant tout le
xvic siècle, elles demeurent presque inaperçues. Mais, une fois
achevée la construction du Pont-Neuf, il faut bien que la peinture
prenne en considération un point de vue qui fait l’émerveillement
de tous. C’est même à dater de cette époque que le paysage parisien
commence à être envisagé isolément en soi. De cette pointe occiden-
tale de la Cité, où désormais s’agite comme une foire permanente de
bateleurs et de petits métiers, l’ample perspective de la Seine, entre
les deux tours caduques de Nesle et du Bois, est d’un effet saisissant.
Le Nancéen Jacques Callot, lors de son séjour dans la capitale, en

1. Y. reprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 1907, t. II, p. 481.