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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 6
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Réau, Louis: Max Klinger, [2]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0550

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506

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

œuvre peint et gravé doit être considéré comme un long achemi-
nement vers la sculpture qui est la plus magnifique expression de
son génie.

S’il faut aller au Cabinet des estampes de Dresde pour étudier
ses dessins et ses cycles gravés, à la Galerie moderne de Vienne pour
connaître ses peintures monumentales, c’est au musée de Leipzig, sa
ville natale, qu’on trouvera l’ensemble le plus important de ses
S'culptures et notamment ses trois plus belles statues polychromes :
la Salomé, la Cassandre et le Monument de Beethoven.

C’est probablement au Musée des Antiques de Berlin que l’idée
de la statuaire polychrome germa dans l’esprit de Klinger. Beaucoup
de monuments de la statuaire grecque nous sont parvenus, en effet,
avec des traces de polychromie. Pendant tout le moyen âge l’usage
se conserva de peindre les statues de pierre des portails et de dorer
les sculptures en bois des retables : cette tradition de la statuaire
polychrome s’est même perpétuée en Espagne1 jusqu’au xvme siècle.
C’est en Italie, à l’époque de la Benaissance, que, par suite d’une
fausse interprétation des monuments antiques que le temps avait
tout simplement décolorés, on prêcha la croisade contre la statuaire
peinte. La tradition de la polychromie s’oblitéra complètement, et
lorsque, au commencement du xixe siècle certains archéologues
insinuèrent timidement que l’art grec avait pratiqué la polychromie,
ce fut un toile général. Il fallut accumuler preuves sur preuves pour
convaincre les monochromistes obstinés que les Grecs avaient
l’habitude de rehausser de couleurs vives les métopes ou les frises
sculptées de leurs temples. En 1884, G. Treu posa nettement la
question dans une brochure intitulée : « Devons-nous peindre nos
statues?2 » A Rome un élève de Marées, le sculpteur Arthur
Volkmann, essayait de patiner ou de teinter discrètement le marbre.
Dès ses premières œuvres sculptées, Klinger prit parti pour la sta-
tuaire polychrome. Non content de colorer le marbre, il combina
des marbres de différentes couleurs avec l’ivoire et le bronze.

La Scdomê est une demi-figure de femme en marbre polychrome
qui a peut-être été inspirée par l’Hérodiade de Flaubert. Peu de
princesses historiques ou légendaires ont eu une prise aussi forte
sur l’imagination des poètes et des artistes modernes : l’ensorceleuse
a hanté l’imagination de Gustave Moreau, d’Oscar Wilde et de
Richard Strauss et leur a inspiré à tous des chefs-d’œuvre. Klinger

1. Cf. Marcel Dieulafoy, La sculpture polychrome en Espagne. Paris, 1908.

'2. Cf. G. Treu, Sollen loir unsere Statuen bemalen?. Leipzig, 1884.
 
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