DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Pottier, Edmond: Études de céramique grecque, [5]
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0018
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’étucle sur Hiéron, qui est assez développée, venge aussi ce maître
excellent des dédains dont il a parfois souffert. On critique trop
aisément la monotonie de ses compositions, parce qu’il retrace
souvent des scènes de banquets et de conversations qui ne prêtaient
guère à la variété ; mais ses peintures mythologiques et épiques
sont fort bien agencées et rivalisent avec les meilleures de ses
contemporains. Quant à Brygos, M. Perrot fait de lui un magnifique
éloge et il le caractérise avec justesse en l’appelant « le peintre du
mouvement ». Réserve soit faite d’ailleurs de la part que les potiers
Hiéron et Brygos ont eue réellement dans l’exécution du décor
peint de leurs vases. Mais, en l’absence de renseignements plus
précis et vu la condition des patrons de fabrique sur laquelle
M. Perrot s’accorde avec les conclusions de mon Catalogue, nous
pensons avoir le droit de parler du « style de Hiéron » et du « style
de Brygos ». Il serait étrange, en effet, que de si bons fabricants se
fussent complètement désintéressés du décor des poteries façonnées
dans leur atelier. Enfin, le chapitre sur les vases à fond blanc et,
en particulier, sur les coupes amène le lecteur vers une limite qui
avoisine le milieu du ve siècle; on s’arrête au bord de la période
illustrée par les grands noms de Polygnote, de Phidias èt de Poly-
clète, et l’on sent bien que l’auteur a comme un regret poignant de
n’y pas pénétrer tout de suite.
Je ne quitterai pas ce livre sans dire un mot de l’illustration, qui
est aussi abondante que soignée. M. Perrot a exprimé à plusieurs
reprises (p. 33 et p. 190 en note) son antipathie peu dissimulée pour
les reproductions photographiques des vases. C’est le seul point sur
lequel nous soyons en complet désaccord. Constatons d’ailleurs que
toutes les publications récentes, en France et à l’étranger, recourent
de plus en plus à un procédé qui seul est capable de rendre fidèle-
ment le style d’une peinture antique; il reste seulement à le per-
fectionner. Mais j’espère que, chez notre maître, cette aversion est un
peu plus théorique que réelle, puisqu’il nous a fait l’honneur de
choisir dans nos albums plus de cinquante vignettes dues au procédé
qu’il condamne et qu’il en a emprunté encore à d’autres ouvrages;
silée immolée par Achille et celle d'Apollon tuant Tityosl Je crois bien que ses
attributions risquent d’être très contestées, mais nous sommes d’accord tous
les deux pour dire que, si la science gagne ordinairement peu de chose à un
genre de recherches poussé jusqu’au jeu de devinettes, on ne peut cependant
pas s’affranchir, en certains cas, du devoir de découvrir les grandes personna-
lités qui se cachent derrière les œuvres anonymes.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’étucle sur Hiéron, qui est assez développée, venge aussi ce maître
excellent des dédains dont il a parfois souffert. On critique trop
aisément la monotonie de ses compositions, parce qu’il retrace
souvent des scènes de banquets et de conversations qui ne prêtaient
guère à la variété ; mais ses peintures mythologiques et épiques
sont fort bien agencées et rivalisent avec les meilleures de ses
contemporains. Quant à Brygos, M. Perrot fait de lui un magnifique
éloge et il le caractérise avec justesse en l’appelant « le peintre du
mouvement ». Réserve soit faite d’ailleurs de la part que les potiers
Hiéron et Brygos ont eue réellement dans l’exécution du décor
peint de leurs vases. Mais, en l’absence de renseignements plus
précis et vu la condition des patrons de fabrique sur laquelle
M. Perrot s’accorde avec les conclusions de mon Catalogue, nous
pensons avoir le droit de parler du « style de Hiéron » et du « style
de Brygos ». Il serait étrange, en effet, que de si bons fabricants se
fussent complètement désintéressés du décor des poteries façonnées
dans leur atelier. Enfin, le chapitre sur les vases à fond blanc et,
en particulier, sur les coupes amène le lecteur vers une limite qui
avoisine le milieu du ve siècle; on s’arrête au bord de la période
illustrée par les grands noms de Polygnote, de Phidias èt de Poly-
clète, et l’on sent bien que l’auteur a comme un regret poignant de
n’y pas pénétrer tout de suite.
Je ne quitterai pas ce livre sans dire un mot de l’illustration, qui
est aussi abondante que soignée. M. Perrot a exprimé à plusieurs
reprises (p. 33 et p. 190 en note) son antipathie peu dissimulée pour
les reproductions photographiques des vases. C’est le seul point sur
lequel nous soyons en complet désaccord. Constatons d’ailleurs que
toutes les publications récentes, en France et à l’étranger, recourent
de plus en plus à un procédé qui seul est capable de rendre fidèle-
ment le style d’une peinture antique; il reste seulement à le per-
fectionner. Mais j’espère que, chez notre maître, cette aversion est un
peu plus théorique que réelle, puisqu’il nous a fait l’honneur de
choisir dans nos albums plus de cinquante vignettes dues au procédé
qu’il condamne et qu’il en a emprunté encore à d’autres ouvrages;
silée immolée par Achille et celle d'Apollon tuant Tityosl Je crois bien que ses
attributions risquent d’être très contestées, mais nous sommes d’accord tous
les deux pour dire que, si la science gagne ordinairement peu de chose à un
genre de recherches poussé jusqu’au jeu de devinettes, on ne peut cependant
pas s’affranchir, en certains cas, du devoir de découvrir les grandes personna-
lités qui se cachent derrière les œuvres anonymes.