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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Jacquemart et de ses émules nous satisfont davantage. Mais que dire
des Vues de Suisse dont nous avons déjà parlé et qui avaient pour
auteur A.-P. Mongin? Adieu la gravure hardie, les tailles vigou-
reuses eL largement espacées, les belles « rentrées » modelant les
reliefs! Zuber ne connaît que les à-plat et les fondus. C’est du colo-
riage qui justifie, jusqu’à un certain point, le mépris des artistes
pour le papier de tapisserie.
Ne soyons pas cependant trop sévères. Même avec ses défauts et
ses erreurs, la technique du papier peint sous le Premier Empire
conserve la saveur et la franchise naïve de ses débuts au xvme siècle.
Si elle tombe dans le travers trop commun de transporter dans un
art ce qui peut être beaucoup mieux fait dans un autre, et de vou-
loir faire rendre au papier ce qui n’est pas déjà particulièrement
beau dans la soie ou dans la mousseline, n’oublions pas que Charles
Blanc n’a pas échappé au même reproche, et qu’il réserve dans sa
Grammaire toute son admiration pour les équivalences, estampages
ou veloutages, qui donnent « à une simple feuille de papier et de
carton... le grain d’un tissu, le point des tapisseries anciennes,
l'épaisseur des broderies au crochet, le relief des velours de Gênes...
et jusqu’au bombement d’une étoffe capitonnée! » Sachons gré, en
tout cas, aux fabricants de modèles de 1806 d’avoir évité les fâcheuses
copies de style où vont s’égarer leurs successeurs de la seconde moitié
du xix° siècle. Avec leurs décorations naïvement antiques et guer-
rières, leurs architectures compliquées, leur amour des tons bleus,
roses ou café-au-lait, leur puéril abus des draperies plissées, ils
laissent un ensemble critiquable peut-être, original à coup sur.
HENRI G LO T T Z O T
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Jacquemart et de ses émules nous satisfont davantage. Mais que dire
des Vues de Suisse dont nous avons déjà parlé et qui avaient pour
auteur A.-P. Mongin? Adieu la gravure hardie, les tailles vigou-
reuses eL largement espacées, les belles « rentrées » modelant les
reliefs! Zuber ne connaît que les à-plat et les fondus. C’est du colo-
riage qui justifie, jusqu’à un certain point, le mépris des artistes
pour le papier de tapisserie.
Ne soyons pas cependant trop sévères. Même avec ses défauts et
ses erreurs, la technique du papier peint sous le Premier Empire
conserve la saveur et la franchise naïve de ses débuts au xvme siècle.
Si elle tombe dans le travers trop commun de transporter dans un
art ce qui peut être beaucoup mieux fait dans un autre, et de vou-
loir faire rendre au papier ce qui n’est pas déjà particulièrement
beau dans la soie ou dans la mousseline, n’oublions pas que Charles
Blanc n’a pas échappé au même reproche, et qu’il réserve dans sa
Grammaire toute son admiration pour les équivalences, estampages
ou veloutages, qui donnent « à une simple feuille de papier et de
carton... le grain d’un tissu, le point des tapisseries anciennes,
l'épaisseur des broderies au crochet, le relief des velours de Gênes...
et jusqu’au bombement d’une étoffe capitonnée! » Sachons gré, en
tout cas, aux fabricants de modèles de 1806 d’avoir évité les fâcheuses
copies de style où vont s’égarer leurs successeurs de la seconde moitié
du xix° siècle. Avec leurs décorations naïvement antiques et guer-
rières, leurs architectures compliquées, leur amour des tons bleus,
roses ou café-au-lait, leur puéril abus des draperies plissées, ils
laissent un ensemble critiquable peut-être, original à coup sur.
HENRI G LO T T Z O T