Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Schnerb, Jacques Félix: Les Salons de 1914, 4, Le salon des artistes français
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0083

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
70

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Soucieuse de la gloire de ses martres, l’Allemagne nous avait
montré, il y a quelques années, l’œuvre hautaine de H. von Marées, un
des artistes modernes qui, avec Puvis de Ghavannes, portèrent en
eux la vision d’un monde harmonieux organisé pour l’œil et pour
l’esprit. Mais nous étions mal préparés à comprendre ces peintures
d’un aspect nouveau, émaillées par un travail de retouches obstinées.

Les rares compositions exposées au Salon furent sans doute moins
longuement travaillées que celles de Marées. Après tout, la faci-
lité n'est pas un mal chez un décorateur, un Tintoret peignait son
Apothéose clc saint Roch en quelques jours. Mais n’est-ce pas citer un
nom bien redoutable par les comparaisons qu’il inspire? D’autant
plus redoutable que le Vénitien, comme tous les peintres de son
école, considérait la peinture comme l’ennemie du vide et qu’il a
meublé ses toiles au risque de les encombrer. Ici le vide ne semble
pas inspirer d’aversion, qu’il s’agisse de grandes ou de petites pein-
tu res. Un Vénitien couvrait sa toile d’accessoires et, quand un ciel
lui paraissait trop désert, il ne se faisait pas faute d’y jeter quelques
ligures. La raison plus exigeante d’un Puvis lui défendait ces liber-
tés, mais il savait, des plans les plus nus, les plus privés en appa-
rence de signification, tirer un effet décoratif et, mieux encore, une
expression se reliant intimement à l’ensemble par la couleur,
comme l’accompagnement se relie au chant. Placés entre les deux
méthodes et toutes leurs combinaisons possibles, la plupart des
peintres de ce Salon ont opté pour une troisième manière, qui est
celle du vide accepté, du vide creux, muet, anti-pictural. Les figures
se relient si peu au fond el celui-ci parait si inutile, qu’on aimerait
le supprimer, couper la toile autour des personnages.

Je ne crois pas que la peinture de M. Gabriel Guay puisse rien
perdre à être ainsi rognée, ni le grand Portrait équestre de M. Ga-
briel Ferrier, ni tant d’autres. Pour des raisons différentes', la déco-
ration de M. Henri Martin ne laisse pas l’impression de plénitude
que sa composition, qui est habilement disposée, eût pu réaliser.
Comparée à celles qui l’entourent, la peinture de M. Henri Martin
paraîtra sans doute lumineuse; elle seule rappelle ce qui s’est [tassé
en dehors de ce Salon depuis quarante ans et, entre autres, les recher-
ches des néo-impressionnistes. Je crois pourtant que, placées à côté
des œuvres dues à M. Monet ou à Seurat, celles de M. Henri Martin

la preuve, parue il y a quelques jours : le Poussin de M. Emile Magne. Et la notice
cle M. Desjardins publiée il y a quelques années, sur le maître des Andelys, en
sa brièveté était un incomparable portrait, un chef-d’œuvre en soixante pages.
 
Annotationen