NOS MORTS
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sa table de travail, comme dans l’intimité d’un laraire, les deux
déesses France et Italie.
Il quitta tout cela et un bonheur plus doux qui était venu à lui.
Sergent au 204e d’infanterie, il fut tout à la patrie. Le 13 octobre 1914,
à Grouy, il tomba, le cœur traversé d’une balle, le bras droit et
l’index tendus vers l’ennemi.
Son travail d’érudit sera recueilli et donné à l’histoire par des
mains pieuses. A la Gazette des Beaux-Arts Robert André-Michel
avait confié, quelques jours
avant la mobilisation, une
étude sur les fresques pro-
fanes du Palais des Papes,
qui était une œuvre achevée;
elle va paraître ici avant que
le canon se soit tu ‘.
Ap rès l’officier et le sous-
officier tombés à leur poste,
au milieu du régiment avec
lequel ils avaient été mobi-
lisés, nous avons perdu un
soldat, Jacques Schnerb1 2,
que son livret militaire ne
prédestinait pas au combat.
Nous savions, dans cette
maison, qui a été la sienne,
combien l’ardeur de cette
àme d’artiste avait souffert
de traîner un corps débile.
Quelques mois avant la guerre, c’est à peine si Schnerb trouvait la
force d’achever ici le « Salon » de 1914, pour lequel il avait dépensé
du meilleur de lui-même.
Ce que le peintre est parvenu à réaliser de ses plus nobles con-
1. Le jour même où Robert André-xMichel était tué à l’ennemi, Marcel Rey-
mond, le grand ami de son père et l’un de nos amis les plus fidèles, s’éteignait
à Grenoble. Ce n’est pas aujourd’hui que la Gazette des Beaux-Arts peut acquit-
ter sa dette de gratitude envers ce collaborateur infatigable, que l’amour le plus
sincère et le plus profond de l’art conduisit à des découvertes que sa chaleu-
reuse éloquence présentait en formation de bataille. Son dernier travail fut un
article sur la cathédrale de Reims, envoyé à la Revue des Deux Mondes.
2. Né le 15 septembre 1879.
ROBERT ANDRÉ-MICHEL, TUÉ A L* EN NE MI
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sa table de travail, comme dans l’intimité d’un laraire, les deux
déesses France et Italie.
Il quitta tout cela et un bonheur plus doux qui était venu à lui.
Sergent au 204e d’infanterie, il fut tout à la patrie. Le 13 octobre 1914,
à Grouy, il tomba, le cœur traversé d’une balle, le bras droit et
l’index tendus vers l’ennemi.
Son travail d’érudit sera recueilli et donné à l’histoire par des
mains pieuses. A la Gazette des Beaux-Arts Robert André-Michel
avait confié, quelques jours
avant la mobilisation, une
étude sur les fresques pro-
fanes du Palais des Papes,
qui était une œuvre achevée;
elle va paraître ici avant que
le canon se soit tu ‘.
Ap rès l’officier et le sous-
officier tombés à leur poste,
au milieu du régiment avec
lequel ils avaient été mobi-
lisés, nous avons perdu un
soldat, Jacques Schnerb1 2,
que son livret militaire ne
prédestinait pas au combat.
Nous savions, dans cette
maison, qui a été la sienne,
combien l’ardeur de cette
àme d’artiste avait souffert
de traîner un corps débile.
Quelques mois avant la guerre, c’est à peine si Schnerb trouvait la
force d’achever ici le « Salon » de 1914, pour lequel il avait dépensé
du meilleur de lui-même.
Ce que le peintre est parvenu à réaliser de ses plus nobles con-
1. Le jour même où Robert André-xMichel était tué à l’ennemi, Marcel Rey-
mond, le grand ami de son père et l’un de nos amis les plus fidèles, s’éteignait
à Grenoble. Ce n’est pas aujourd’hui que la Gazette des Beaux-Arts peut acquit-
ter sa dette de gratitude envers ce collaborateur infatigable, que l’amour le plus
sincère et le plus profond de l’art conduisit à des découvertes que sa chaleu-
reuse éloquence présentait en formation de bataille. Son dernier travail fut un
article sur la cathédrale de Reims, envoyé à la Revue des Deux Mondes.
2. Né le 15 septembre 1879.
ROBERT ANDRÉ-MICHEL, TUÉ A L* EN NE MI