J.-F. SCHNERB
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soin de rendre compte, dans notre Chronique, des « petites exposi-
tions » qui, chaque semaine et presque chaque jour, s’ouvrent dans
les nombreuses galeries d’art parisiennes. Il avait hésité à s’en
charger, craignant de dérober trop d’heures à sa chère peinture, et
sans doute retenu aussi par la crainte d’avoir à se faire trop souvent
le censeur de ses confrères et de leur paraître un juge bien pré-
somptueux. Mais enfin il se rendit à nos instances, et chacun n’eut
qu’à s’en louer, même ceux qui eurent à subir ses critiques, telle-
ment il sut unir de tact à ses jugements toujours sûrs et équitables.
Aussi revînmes-nous à la charge en 1914, pour lui demander cette
fois, comme couronnement logique de cette première campagne, de
rentrer en lice dans une arène plus vaste : celle des Salons, c’est-à-dire
d’affronter tout l’ensemble de la production artistique annuelle.
Tâche certes infiniment intéressante, mais combien redoutable pour
qui est résolu, comme Schnerb avait montré qu’il l’était, à rester
historien et juge véridique, sourd aux mesquines complaisances,
dédaigneux des talents surfaits! De nouveau, il nous fallut insister
pour l’amener à reprendre la plume; par bonheur nous réussîmes à
le persuader. Ces pages sur l’Exposition des Indépendants et les
grands Salons de printemps de 1914 sont trop dans le souvenir de
nos lecteurs pour que nous leur en rappelions les délicates et viriles
qualités. Hélas! elles devaient, comme les expositions de cette tra-
gique année, demeurer incomplètes; mais elles subsistent comme
la suprême expression de sa pensée, comme un testament qui nous
est infiniment précieux...
*
* *
Quelle que soit la valeur des écrits de Schnerb, ce sont néan-
moins ses travaux artistiques qui restent son œuvre principale;
c’est à eux qu’il revenait avec prédilection et qu’il faut maintenant
donner notre attention.
C’est en 1908 seulement qu’il commença d’exposer : il envoya au
Salon des Indépendants des vues de Provence {Allée d’oliviers à
Vence) et de Bretagne qui, notait un bon juge, Roger Marx, « valaient
par la construction autant que par la gravité de la couleur »; puis,
au Salon des Artistes français, deux eaux-fortes d’après Renoir : por-
traits de femmes interprétés avec intelligence et d’un métier sûr
et vigoureux. De cette année 1908 à 1913 il fut ensuite l’assidu
du Salon d’Automne, y montrant tour à tour ou simultanément
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soin de rendre compte, dans notre Chronique, des « petites exposi-
tions » qui, chaque semaine et presque chaque jour, s’ouvrent dans
les nombreuses galeries d’art parisiennes. Il avait hésité à s’en
charger, craignant de dérober trop d’heures à sa chère peinture, et
sans doute retenu aussi par la crainte d’avoir à se faire trop souvent
le censeur de ses confrères et de leur paraître un juge bien pré-
somptueux. Mais enfin il se rendit à nos instances, et chacun n’eut
qu’à s’en louer, même ceux qui eurent à subir ses critiques, telle-
ment il sut unir de tact à ses jugements toujours sûrs et équitables.
Aussi revînmes-nous à la charge en 1914, pour lui demander cette
fois, comme couronnement logique de cette première campagne, de
rentrer en lice dans une arène plus vaste : celle des Salons, c’est-à-dire
d’affronter tout l’ensemble de la production artistique annuelle.
Tâche certes infiniment intéressante, mais combien redoutable pour
qui est résolu, comme Schnerb avait montré qu’il l’était, à rester
historien et juge véridique, sourd aux mesquines complaisances,
dédaigneux des talents surfaits! De nouveau, il nous fallut insister
pour l’amener à reprendre la plume; par bonheur nous réussîmes à
le persuader. Ces pages sur l’Exposition des Indépendants et les
grands Salons de printemps de 1914 sont trop dans le souvenir de
nos lecteurs pour que nous leur en rappelions les délicates et viriles
qualités. Hélas! elles devaient, comme les expositions de cette tra-
gique année, demeurer incomplètes; mais elles subsistent comme
la suprême expression de sa pensée, comme un testament qui nous
est infiniment précieux...
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Quelle que soit la valeur des écrits de Schnerb, ce sont néan-
moins ses travaux artistiques qui restent son œuvre principale;
c’est à eux qu’il revenait avec prédilection et qu’il faut maintenant
donner notre attention.
C’est en 1908 seulement qu’il commença d’exposer : il envoya au
Salon des Indépendants des vues de Provence {Allée d’oliviers à
Vence) et de Bretagne qui, notait un bon juge, Roger Marx, « valaient
par la construction autant que par la gravité de la couleur »; puis,
au Salon des Artistes français, deux eaux-fortes d’après Renoir : por-
traits de femmes interprétés avec intelligence et d’un métier sûr
et vigoureux. De cette année 1908 à 1913 il fut ensuite l’assidu
du Salon d’Automne, y montrant tour à tour ou simultanément