Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 12.1914-1916)

LES FRESQUES DE LA GARDE-ROBE A AVIGNON “295

larges bandeaux1. Ces frises, comme le plafond, n’ont jamais été
couvertes de badigeon. Les scènes qu’elles surmontent, au contraire,
avaient disparu sous une épaisse couche d’enduit. Mises au jour
et restaurées par M. Yperman, elles ont beaucoup souffert2. En
leur état actuel elles nous offrent une représentation des plaisirs
de la vie champêtre. Ce ne sont partout que verdures, arbustes,
arbres aux essences variées, dont le tronc et le feuillage sont
minutieusement indiqués. Au-dessus de celte végétation luxuriante

D’après les relevés de M. Yperman.

DÉTAIL DE LA « PECHE » , FRESQUE DU XIVe SIÈCLE

qui forme tout le fond des tableaux, un coin de ciel bleu apparaît.
Et ce cadre agreste convient aux scènes que nous allons voir se
dérouler sur les murs.

Les corbeaux de pierre sur lesquels reposent les poutres faîtières sont
peints en gris bleu et décorés sur leur face extérieure d’un élégant rinceau de
feuillage. D’autres grands rinceaux de vigne, analogues à ceux que l’on voit
dans la chambre du pape de la tour des Anges, décorent l’embrasure des fenêtres.

2. Notamment le fond, peint à la colle. Au cours des restaurations divers
graffitti et quelques devises datant, semble-t-il, du xvie siècle ont disparu.
M. Duhamel, archiviste de Vaucluse, a bien voulu nous communiquer les copies
qu’il en avait prises. 11 a relevé des dates : 1531, 1533, des fragments de devise :
« Areste toy et pance », « Fays ton devoyr », des noms : Regnaudi, Balmes,
Furet, Marguerite de San Vytour, et, au-dessous du personnage qui tient un
faucon au poing : « Innocenzio Leonello »,