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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

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Nr. 4
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Du Bus, Charles: Deux aspects de l'art urbain
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https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0415

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de l’usine enfumée, le travailleur réclamait un logis à lui, entouré
de jardinets où il put respirer, avoisiné d’autres cottages où il fût
certain de retrouver ses semblables. Contre l’égoïsme de l’individu
fort, le faible dressait un égoïsme collectif de moutons enragés.

L’édilité inquiète fit la guerre au sium. Liverpool s’adorna de
maisonnettes campées dans Hornby Street comme un défi à la rapa-
cité bourgeoise. Mais l’argent vainqueur musela l’effort. On dut
adopter la tactique enveloppante des quartiers pauvres, masqués en
cités-jardins. La vapeur, l’électricité combattraient la distance. Par
peur, par intérêt, le maître du pain fît patte de velours en invoquant
la philanthropie. A ses esclaves il offrit l’appàt des maisons
ouvrières, fausses libératrices qui rivaient l’homme à sa chaîne.

La coopération réussit mieux. Au centre des Ilots frangés de ver-
dure, on ménage des terrains de sport. Une société qui veut s’orga-
niser évite le désordre inesthétique des spéculateurs ; Bournville
console de Birmingham, comme Hampstead de l’East End, et la cage
enfin est ouverte. A Letchworth, la ville entière devient campagne,
adaptant aux villages voisins ses bardeaux et ses pignons, silhouet-
tant sur un ciel libre de fumées ses toits rouges et son clocher qui
parlent aux cœurs. Ici même, notre collaborateur Benoit-Lévy a dit
Port-Sunlight et ses promesses1.

Pour les malades s’élève cet aimable sanatorium de Frimley,
où les ailes « en II », aux hastes brisées, ensoleillent parmi les pelouses
leurs promenoirs et leurs briques, supports de larges baies; des
pavillons d’isolement s’ouvrent aux plus atteints. On dirait d’un
monastère où le corps fait retraite dans l’espoir des Thélèmes que
demain lui rendra2.

Mais, loin de ces demeures de repos, les demeures du travail
veulent un programme. Les municipaux de Londres ont demandé
pour l’électeur des habitations économiques : autour d’un square,
l’architecte a groupé de tristes casernes, mal animées de Windows et
de fleurs. L’usine électrique de Greenwich est d’une autre impor-
tance : deux nefs accolées, inspirées, dirait-on, de notre vieux Palais,
se cantonnent de quatre hautes cheminées à double étage, évocatrices
des tours ancestrales qu’elles remplacent pour nos yeux. De là
s’élancent les rails, bientôt arrêtés par le ponton de débarquement où
les grues pirouettent, nourrices charbonnières que se disputent
wagonnets et cargos.

1. Gazette clef, Beaux-Arts, 1910, t. 1, p. 149.

ÏL MM. Erhvin et E. Stanley (Catalogue, n° 113).
 
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