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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de cette époque. Pour abriter tant de monde, un type de baraque-
ment simple et d’agrandissement facile s’est imposé au constructeur
militaire : une espèce de tente plus longue et plus rigide, mieux
éclairée aussi. La baraque Adrian, entre autres, adaptée par
M. G. Jacqz, a paru réaliser ce dessein : l’éventualité de son utilisa-
tion, au lendemain d’un armistice, dans ces mêmes lieux où tant
d’hommes et tant d’objets hétéroclites auront passé sous son toit, a
d’abord été envisagée. Quelques moyens peu coûteux de décoration
donneront un aspect plus gai à l’édifice : il y suffit de peintures aux
tons peut-être moins tranchés, propres à en faire ressortir la struc-
ture, de quelques appuis de fenêtres aménagés en porte-fleurs, d’un
clocheton rustique annonçant., ailleurs, la chapelle. Un village s’im-
provise ainsi presque sans frais, monotone et partout semblable à
lui-même, comme le veut son origine militaire. M. Jaulmes s’est
chargé de le rendre habitable même aux plus exigeants, tout en res-
pectant les habitudes indigènes ignorées, dirait-on, de ses voisins.
Quoi de plus traditionnel pour nos paysans que cette salle commune,
à la fois salon, cuisine et salle à manger avec ses étagères à usten-
siles, ses planches à pain, ses armoires habilement insérées dans la
muraille, et ses meubles rustiques, qu’on souhaiterait sans doute
moins bariolés? Car la couleur douce est aussi chose de chez nous,
comme le grand lit de la chambre prochaine, maître-meuble et
parfois meuble unique.
Plus de variété résulte d’éléments moins primitifs. Dans un pays
où la pluie et la neige ne sont pas rares, ces toits nordiques et ces
parois inclinées sont à leur place. Un autre système, non moins pro-
pice à l’écoulement rapide des eaux, aura souvent la préférence. La
couverture en arc brisé, outre cet avantage extérieur, ménage mieux
la place au dedans, dispense même de toute charpente onéreuse,
sans parler de ce souvenir de l’art national qu’elle semble évoquer.
Bien improprement appelée « ogivale », la maison Farcot se prête à
des combinaisons multiples : une terrasse couverte peut l’agré-
menter, des pignons s’offrent à varier sa silhouette.
D’autres constructeurs, à ce rappel gothique, préfèrent un Man-
sard rajeuni; bizarrement, ils élèvent, à même le sol, des pavillons
qu’on dirait arrachés à quelque avant-corps du grand siècle, décoiffé
soudain de son toit à brisis : tel est l’ouvrage de M. Gonot-Gorgeon.
M. Franky-Farjon s’adresse au bourgeois plus cossu, ami de ses
aises et fier d’une salle à manger bien garnie, qu’avoisinent des
chambres plafonnées de solives apparentes : tout ici est peint de tons
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de cette époque. Pour abriter tant de monde, un type de baraque-
ment simple et d’agrandissement facile s’est imposé au constructeur
militaire : une espèce de tente plus longue et plus rigide, mieux
éclairée aussi. La baraque Adrian, entre autres, adaptée par
M. G. Jacqz, a paru réaliser ce dessein : l’éventualité de son utilisa-
tion, au lendemain d’un armistice, dans ces mêmes lieux où tant
d’hommes et tant d’objets hétéroclites auront passé sous son toit, a
d’abord été envisagée. Quelques moyens peu coûteux de décoration
donneront un aspect plus gai à l’édifice : il y suffit de peintures aux
tons peut-être moins tranchés, propres à en faire ressortir la struc-
ture, de quelques appuis de fenêtres aménagés en porte-fleurs, d’un
clocheton rustique annonçant., ailleurs, la chapelle. Un village s’im-
provise ainsi presque sans frais, monotone et partout semblable à
lui-même, comme le veut son origine militaire. M. Jaulmes s’est
chargé de le rendre habitable même aux plus exigeants, tout en res-
pectant les habitudes indigènes ignorées, dirait-on, de ses voisins.
Quoi de plus traditionnel pour nos paysans que cette salle commune,
à la fois salon, cuisine et salle à manger avec ses étagères à usten-
siles, ses planches à pain, ses armoires habilement insérées dans la
muraille, et ses meubles rustiques, qu’on souhaiterait sans doute
moins bariolés? Car la couleur douce est aussi chose de chez nous,
comme le grand lit de la chambre prochaine, maître-meuble et
parfois meuble unique.
Plus de variété résulte d’éléments moins primitifs. Dans un pays
où la pluie et la neige ne sont pas rares, ces toits nordiques et ces
parois inclinées sont à leur place. Un autre système, non moins pro-
pice à l’écoulement rapide des eaux, aura souvent la préférence. La
couverture en arc brisé, outre cet avantage extérieur, ménage mieux
la place au dedans, dispense même de toute charpente onéreuse,
sans parler de ce souvenir de l’art national qu’elle semble évoquer.
Bien improprement appelée « ogivale », la maison Farcot se prête à
des combinaisons multiples : une terrasse couverte peut l’agré-
menter, des pignons s’offrent à varier sa silhouette.
D’autres constructeurs, à ce rappel gothique, préfèrent un Man-
sard rajeuni; bizarrement, ils élèvent, à même le sol, des pavillons
qu’on dirait arrachés à quelque avant-corps du grand siècle, décoiffé
soudain de son toit à brisis : tel est l’ouvrage de M. Gonot-Gorgeon.
M. Franky-Farjon s’adresse au bourgeois plus cossu, ami de ses
aises et fier d’une salle à manger bien garnie, qu’avoisinent des
chambres plafonnées de solives apparentes : tout ici est peint de tons