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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
D’où cette pouponnière départementale, que médite M. Simonet,
cette « maison de tous », centre de vie collective, importée d’une
Amérique plus hardie, chère aux amis de M. Henri Oger1, avec sa
bibliothèque pour tous les âges, son cercle, son théâtre de verdure
annexé par M. Duchêne : à ces déshérités on promet la vie de
château,
De très petits bourgeois veulent un château véritable. Aux portes
de la capitale, Draveil devient leur maison commune, le paradis
terrestre où ils dispersent leurs villas parmi les charmilles, en bor-
dure des allées que M. Jean Walter2 sait respecter. Ce modèle
suscitera sans doute plus d’une copie, après tant de fortunes
anéanties. D’autres fortunes surgissent déjà, même aux champs :
un Charles Letrosne leur ménage ses fermes géantes, bucoliques
Marlys où la villa du propriétaire règne sur tant d’écuries et de
hangars alignés à l’ombre d’une machine élévatrice aux faux airs
de clocher.
Comment s’ordonnent les ensembles que ces morceaux consti-
tuent? C’est ce que le papier veut nous faire entrevoir.
*
❖ îR
Les villes martyres tiennent ici naturellement la place d’honneur.
Il n’est bourgade ou grande cité, bombardée ou menacée, qu’on ne
songe à refondre de toutes pièces, à doter tout au moins de ce plan
régulateur imposé désormais par une loi trop longtemps attendue.
Sous l’influence des différenciations croissantes, les quartiers se
consacrent à une occupation, à une classe d’habitants : au centre,
les édifices publics s’ouvrent à tout le monde, entre les jardins et les
places3.
Reims, Arras, Nancy, Dunkerque, comme Rethel et Clermont-en-
Argonne, plus modestes, nous offrent ainsi leur portrait de demain.
Des édiles intelligents y préfèrent l’architecte à l’ingénieur, le
respect des tendances indigènes au laissez-faire et aux monotonies.
Tout autour de la cathédrale meurtrie, M. Redont, qui aime les
beaux jardins, trace des parterres et ménage des perspectives parfois
trop rectilignes; il sait auréoler de verdure le vieux centre de
l’agglomération, y semer, comme des haltes, un parc des sports et
1. Alliance d’éducation sociale et civique.
2. « Paris-Jardins ».
3. Plan-type, par feu Robert Schlœsing.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
D’où cette pouponnière départementale, que médite M. Simonet,
cette « maison de tous », centre de vie collective, importée d’une
Amérique plus hardie, chère aux amis de M. Henri Oger1, avec sa
bibliothèque pour tous les âges, son cercle, son théâtre de verdure
annexé par M. Duchêne : à ces déshérités on promet la vie de
château,
De très petits bourgeois veulent un château véritable. Aux portes
de la capitale, Draveil devient leur maison commune, le paradis
terrestre où ils dispersent leurs villas parmi les charmilles, en bor-
dure des allées que M. Jean Walter2 sait respecter. Ce modèle
suscitera sans doute plus d’une copie, après tant de fortunes
anéanties. D’autres fortunes surgissent déjà, même aux champs :
un Charles Letrosne leur ménage ses fermes géantes, bucoliques
Marlys où la villa du propriétaire règne sur tant d’écuries et de
hangars alignés à l’ombre d’une machine élévatrice aux faux airs
de clocher.
Comment s’ordonnent les ensembles que ces morceaux consti-
tuent? C’est ce que le papier veut nous faire entrevoir.
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Les villes martyres tiennent ici naturellement la place d’honneur.
Il n’est bourgade ou grande cité, bombardée ou menacée, qu’on ne
songe à refondre de toutes pièces, à doter tout au moins de ce plan
régulateur imposé désormais par une loi trop longtemps attendue.
Sous l’influence des différenciations croissantes, les quartiers se
consacrent à une occupation, à une classe d’habitants : au centre,
les édifices publics s’ouvrent à tout le monde, entre les jardins et les
places3.
Reims, Arras, Nancy, Dunkerque, comme Rethel et Clermont-en-
Argonne, plus modestes, nous offrent ainsi leur portrait de demain.
Des édiles intelligents y préfèrent l’architecte à l’ingénieur, le
respect des tendances indigènes au laissez-faire et aux monotonies.
Tout autour de la cathédrale meurtrie, M. Redont, qui aime les
beaux jardins, trace des parterres et ménage des perspectives parfois
trop rectilignes; il sait auréoler de verdure le vieux centre de
l’agglomération, y semer, comme des haltes, un parc des sports et
1. Alliance d’éducation sociale et civique.
2. « Paris-Jardins ».
3. Plan-type, par feu Robert Schlœsing.