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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

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Nr. 5
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Servières, Georges: La décoration des buffets d'orgue aux XVe et XVIe siècles, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0509

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LA DÉCORATION DES BUFFETS D’ORGUE

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portail principal, ou, comme l’autre, au bras nord du transept,
l’instrument est suspendu dans la nef, au premier pilier de gauche.
L’ancienneté de cet orgue a suscité des controverses entre érudits.
Les uns prétendaient qu’il était tout entier contemporain de Louis XI
dont la dévotion s’est manifestée sous forme de libéralités envers la
cathédrale; un autre (c’est M. l’abbé Guillaume) a soutenu qu’il
date seulement de 1632. Aucune de ces affirmations n’est exacte,
M. J. Roman l’a démontré. La dernière ne peut s’expliquer que par
l’ignorance des styles et des objets de comparaison.

J’ai visité la cathédrale d’Embrun et je suis monté dans la tri-
bune pour en examiner la construction. Il ne peut y avoir aucun
doute : il ne reste de l’orgue primitif que le cul-de-lampe polygonal
à arêtes dentelées, terminé par un pendentif sculpté, orné de quatre
petits gnomes nus, et, aux panneaux du massif, quelques morceaux
de fort élégantes boiseries à remplage ogival. On les a même assez
maladroitement entaillées pour l’encastrement du clavier1. Une par-
ticularité de cet orgue, c’est que, pour y accéder, on a construit une
petite galerie soutenue par deux énormes solives peintes, happées par
de monstrueuses gueules de crocodiles. Du côté de la nef principale,
ce passage a l’aspect d’un couloir en maçonnerie aboutissant à une
tourelle hexagonale appuyée au mur pignon. C’est dans cette
espèce de boyau qu’a été installée la soufflerie. Du côté de la nef laté-
rale de gauche, la paroi est revêtue de vingt-deux panneaux en boisde
mélèze à fenestrages délicats, malheureusement dégradés, mais qui
sont indubitablement du xve siècle.

A la Ferté-Bernard, il n’y a pas une rupture de style aussi
marquée qu’à Reims et à Embrun, entre le merveilleux cul-de-lampe
heptagonal, exécuté par Everard Baudot et placé en 1501, et le
bulïet proprement dit, qui date de 1536. La forme géométrique de
son plan et le rattachement de ses faces aux arêtes du cul-de-lampe,
hérissées de fleurs de lys, par des colonnes à candélabres, compense
la différence des styles. La transition du gothique fleuri à la Renais-
sance y est admirablement ménagée.

En des églises secondaires de petites villes et de villages, on trouve
encore des orgues du xve siècle, qui ont été beaucoup plus complè-
tement transformées. Carcassonne se vante de posséder en son église
de la Cité « l’orgue le plus ancien de France ». Or, il en reste à
peine, au centre du buffet, quelques boiseries adaptées à une montre

1. Malheureusement masquées par le « positif », elles sont invisibles d’en bas.
 
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