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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
deux portes d'entrée en pierre, chaque entrée étant constituée par deux mon-
tants surmontés d’un linteau semi-circulaire. L’une des portes avait un seuil
de pierre, l’autre seuil avait été abandonné sur place. Les ornements assez com-
pliqués qui sont gravés sur les montants et les linteaux permettent de dater ce
monument de la fin de la dynastie tartare des Wei, l’une des Six Dynasties,
c’est-à-dire du vie siècle1. D’après ce que nous dit M. Reitz, qui les a examinées
toutes deux, ces deux portes sont fort semblables ; seuls les dessins recouvrant
les pierres en different. Le Métropolitain a acheté la porte dont l’ornementa-
tion était la plus belle, quoique ce soit celle dont le seuil fasse défaut2. A ces
pierres sculptées était jointe une fresque, provenant du même endroit. Il faut
nous fier ici à ce que dit l’antiquaire de Pékin, mais son explication est assez
plausible. Un mur de briques avait été bâti dans une grotte pour séparer du
reste la partie réservée aux deux chambres tombales. Ces deux chambres se
trouvaient donc l’une contre l’autre, et chacune avait pour entrée l’une des
portes considérées. Ces deux portes étaient très voisines et la fresque avait été
peinte dans l’espace se trouvant entre les deux linteaux semi-circulaires (voir,
sur la figure, les bandes qui répètent la courbe des linteaux).
C’est cette fresque (également acquise par le Musée métropolitain) qui nous
intéresse surtout. Elle mesure environ 89 centimètres en hauteur et 5i centi-
mètres en largeur. Elle représente un Bouddha debout sur un lotus ; sa robe
est de couleur rouge et verte. La figure, dessinée en lignes rouges, est entourée
d’une auréole verte bordée de flammes rouges. La seconde auréole, en forme
de cœur, qui entoure le corps entier, est blanche et également bordée de
flammes ; des rayons rouges et verts, assez grossièrement tracés, en divergent3.
Cette fresque est assez bien conservée. Le coloris en est encore assez vit.
Sans doute, une bonne partie des contours sont perdus : il faut deviner la
position des mains par exemple (la gauche semble tenir le joyau sacré, la
droite est étendue vers le bas). C’est une œuvre médiocre; mais elle est inté-
ressante, quelle que soit sa date, car elle se rattache évidemment à la tradition
d’Ajanta sous la forme que prit celle-ci dans l’Asie centrale. Il faut la com-
parer aux bannières bouddhiques que M. A. von Lecoq et sir Aurel Stein ont
rapportées du Turkestan. Si elle date vraiment de la même époque que les
pierres sculptées, son intérêt serait très grand en effet, car elle serait probable-
ment antérieure aux autres œuvres que je viens de mentionner, en tout cas
1. On trouvera une description illustrée de la tombe (et incidemment de la fresque) par
M. S. G. Bosch Reitz dans le Bulletin of the Metropolitan Muséum, vol. XIII (t 918), p. 2 17-20.
Je reviendrai moi-même sur les sculptures dans une note ultérieure.
2. Numéros d’entrée au Musée métropolitain: 18.5684 à 18.5687. Le musée possède
des estampages des dessins de l’autre porte.
3. Sur les détails concernant le transport et la restauration — d’ailleurs fort discrète —
de cette fresque, je renvoie le lecteur à l’article de M, Reitz,
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deux portes d'entrée en pierre, chaque entrée étant constituée par deux mon-
tants surmontés d’un linteau semi-circulaire. L’une des portes avait un seuil
de pierre, l’autre seuil avait été abandonné sur place. Les ornements assez com-
pliqués qui sont gravés sur les montants et les linteaux permettent de dater ce
monument de la fin de la dynastie tartare des Wei, l’une des Six Dynasties,
c’est-à-dire du vie siècle1. D’après ce que nous dit M. Reitz, qui les a examinées
toutes deux, ces deux portes sont fort semblables ; seuls les dessins recouvrant
les pierres en different. Le Métropolitain a acheté la porte dont l’ornementa-
tion était la plus belle, quoique ce soit celle dont le seuil fasse défaut2. A ces
pierres sculptées était jointe une fresque, provenant du même endroit. Il faut
nous fier ici à ce que dit l’antiquaire de Pékin, mais son explication est assez
plausible. Un mur de briques avait été bâti dans une grotte pour séparer du
reste la partie réservée aux deux chambres tombales. Ces deux chambres se
trouvaient donc l’une contre l’autre, et chacune avait pour entrée l’une des
portes considérées. Ces deux portes étaient très voisines et la fresque avait été
peinte dans l’espace se trouvant entre les deux linteaux semi-circulaires (voir,
sur la figure, les bandes qui répètent la courbe des linteaux).
C’est cette fresque (également acquise par le Musée métropolitain) qui nous
intéresse surtout. Elle mesure environ 89 centimètres en hauteur et 5i centi-
mètres en largeur. Elle représente un Bouddha debout sur un lotus ; sa robe
est de couleur rouge et verte. La figure, dessinée en lignes rouges, est entourée
d’une auréole verte bordée de flammes rouges. La seconde auréole, en forme
de cœur, qui entoure le corps entier, est blanche et également bordée de
flammes ; des rayons rouges et verts, assez grossièrement tracés, en divergent3.
Cette fresque est assez bien conservée. Le coloris en est encore assez vit.
Sans doute, une bonne partie des contours sont perdus : il faut deviner la
position des mains par exemple (la gauche semble tenir le joyau sacré, la
droite est étendue vers le bas). C’est une œuvre médiocre; mais elle est inté-
ressante, quelle que soit sa date, car elle se rattache évidemment à la tradition
d’Ajanta sous la forme que prit celle-ci dans l’Asie centrale. Il faut la com-
parer aux bannières bouddhiques que M. A. von Lecoq et sir Aurel Stein ont
rapportées du Turkestan. Si elle date vraiment de la même époque que les
pierres sculptées, son intérêt serait très grand en effet, car elle serait probable-
ment antérieure aux autres œuvres que je viens de mentionner, en tout cas
1. On trouvera une description illustrée de la tombe (et incidemment de la fresque) par
M. S. G. Bosch Reitz dans le Bulletin of the Metropolitan Muséum, vol. XIII (t 918), p. 2 17-20.
Je reviendrai moi-même sur les sculptures dans une note ultérieure.
2. Numéros d’entrée au Musée métropolitain: 18.5684 à 18.5687. Le musée possède
des estampages des dessins de l’autre porte.
3. Sur les détails concernant le transport et la restauration — d’ailleurs fort discrète —
de cette fresque, je renvoie le lecteur à l’article de M, Reitz,