MATÉRIAUX POUR L’HISTOIRE DE L’ART ASIATIQUE i3
lourdes de neige. Puis l’on aperçoit une petite cour au fond de laquelle se
trouve la cabane coiffée de chaume
et largement ouverte de notre côté.
Nos deux philosophes y sont assis,
graves et dignes. A quoi pensent-ils?
Toute la terre a été soudainement
revêtue de neige comme d'un blanc
manteau. Est-ce ce miracle qui les
occupe? 11 y a une table rouge à côté
d’eux ; un livre y est posé. A côté de
la maisonnette se dressent des pins
et des bambous chargés de neige.
Tout cela remplit la moitié inférieure
du tableau. Au-dessus s’élèvent les
montagnes, rendues plus formidables
et plus mystérieuses encore par la
blancheur qui les recouvre. 11 y a là
un très bel effet de contraste entre la
nature et l’homme, les forces incon-
nues et redoutables et la sérénité du
philosophe1.
Il se dégage de ce kakémono un je
ne sais quoi que j’ai vainement essayé
d’analyser, mais qui me fait irrésisti-
blement songer aux Primitifs toscans :
c’est un parfum archaïque qu’il est
plus aisé de respirer que de définir.
Le tableau de Boston ne donne pas
du tout cette impression, sans doute
parce que la forme exotique du palais
empêche la comparaison de se pro-
duire dans notre esprit. La composi-
tion de New-York a un caractère plus
universel, et son charme est indé-
niable.
En résumé, cette œuvre, quelle que
soit sa date, représente une tradition
LES DEUX PHILOSOPHES
DANS UN PAYSAGE NEIGEUX
STYLE DE L I CHAO-TAO (P)
(Musée métropolitain, New-York.)
i. Il est malheureux qu’il ne soit guère
possible de donner de ce tableau une reproduction satisfaisante. Mais la photographie
permet de juger l’ordonnance générale, qui est très réussie.
lourdes de neige. Puis l’on aperçoit une petite cour au fond de laquelle se
trouve la cabane coiffée de chaume
et largement ouverte de notre côté.
Nos deux philosophes y sont assis,
graves et dignes. A quoi pensent-ils?
Toute la terre a été soudainement
revêtue de neige comme d'un blanc
manteau. Est-ce ce miracle qui les
occupe? 11 y a une table rouge à côté
d’eux ; un livre y est posé. A côté de
la maisonnette se dressent des pins
et des bambous chargés de neige.
Tout cela remplit la moitié inférieure
du tableau. Au-dessus s’élèvent les
montagnes, rendues plus formidables
et plus mystérieuses encore par la
blancheur qui les recouvre. 11 y a là
un très bel effet de contraste entre la
nature et l’homme, les forces incon-
nues et redoutables et la sérénité du
philosophe1.
Il se dégage de ce kakémono un je
ne sais quoi que j’ai vainement essayé
d’analyser, mais qui me fait irrésisti-
blement songer aux Primitifs toscans :
c’est un parfum archaïque qu’il est
plus aisé de respirer que de définir.
Le tableau de Boston ne donne pas
du tout cette impression, sans doute
parce que la forme exotique du palais
empêche la comparaison de se pro-
duire dans notre esprit. La composi-
tion de New-York a un caractère plus
universel, et son charme est indé-
niable.
En résumé, cette œuvre, quelle que
soit sa date, représente une tradition
LES DEUX PHILOSOPHES
DANS UN PAYSAGE NEIGEUX
STYLE DE L I CHAO-TAO (P)
(Musée métropolitain, New-York.)
i. Il est malheureux qu’il ne soit guère
possible de donner de ce tableau une reproduction satisfaisante. Mais la photographie
permet de juger l’ordonnance générale, qui est très réussie.