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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Nr. 1
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Sarton, George: Matériaux pour l'histoire de l'art asiatique, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0026

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i6

GAZETTE DES BEAUX-AIITS

Le Mandata du Lotus est la représenlation picturale d’un des livres les plus
importants du Mahüyâna : le Lotus de la Bonne Loi'.

Approchons-nous maintenant du tableau, car nous sommes prêts à le
comprendre. Il est regrettable toutefois que la reproduction ne puisse en
donner qu’une idée très incomplète, car la peinture est fort obscurcie; elle a
beaucoup souffert (elle est devenue si fragile, qu’il a fallu la monter sur un
panneau rigide comme un châssis d’Occident) ; de plus, les chaudes notes
rouges de la robe de S’Fikya et de celle du Bouddha placé à sa droite viennent
malheureusement en noir, c’est-à-dire sont perdues dans le fond. Cependant
la photographie permet d’apprécier la noblesse de la composition.

Comme nous le dit l'inscription japonaise de i 14B, la peinture n’est plus
complète ; il ne nous en reste que la partie supérieure , de plus, elle a subi
diverses restaurations. Elle nous représente la Trinité bouddhique, entourée
de Devas, de Bodhisattvas et de moines, au centre d’un paysage grandiose.
A gauche, on aperçoit une gorge montagneuse s’étendant bien loin, et au fond,
sur les hauteurs, un grand palais. Les montagnes sont égayées d’arbres dont
quelques-uns portent des fleurs blanches ou rouges. La scène où le mystère
se déroule est le fameux Pic du Vautour, un des lieux favoris du Bouddha,
considéré par les membres de la secte T’ien-t’ai comme une sorte de paradis,
le Paradis du Lotus. Le Bouddha s’est accroupi au centre, sous un large dais,
et sa main droite est levée dans le geste de la prédication. Il semble sortir
d'une longue contemplation ; il est sur le point de révéler au monde le
Lotus de la Bonne Loi. Une grande paix se dégage de cette composi-
tion.

L’influence hindoue y est évidente et l’on ne s’étonne pas que l’inscription
japonaise en parle comme d une œuvre hindoue. Cette erreur nous offre un
excellent témoignage de l’ancienneté de cette peinture. C’est évidemment une
œuvre chinoise de l’époque des T’ang ; il est plus difficile de préciser sa date.
L influence hindoue paraît si fraîche, qu'on pourrait être tenté de la placer au
début des T'ang ou au vin* siècle. Il est plus probable toutefois qu elle date
du ixe. Le Musée de Boston la place au milieu du ixe siècle. Ce qui a déter- i.

i. Il y a au moins deux textes sanscrits différents et plusieurs versions chinoises, dont
la première date de la fin du me siècle. Une traduction française, accompagnée d’un
commentaire très étendu, a été publiée à Paris en 1802 ; c’est une œuvre posthume d’Eugène
Burnouf intitulée Le Lotus de la Bonne Loi. Une traduction anglaise par H. Kern : The
Saddharma- Pundarlka or the Lotus of lhe True Laiu, a été publiée à Oxford en 1884
(vol. XXI des « Sacred Booksof the East »). Ce « sütra » que les Japonais appellent Hokké-
kvô est la base de la secte T’ien-t’ai (en japonais : Tendai). On peut concevoir le titre de
notre peinture comme se rapportant au livre Hokké-kyô, au temple Hokké-do ou simple-
ment à la religion du Ilokké (d’autant plus que le mot « do » signifie temple, mais aussi
voie, doctrine, comme le chinois « tao »).
 
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