LES MAITRES DE LA MINIATURE SUR ÉMAIL
D?
à l'avènement de Louis XV, le vide causé par l’exil et la mort de Petitot est
difficilement comblé par un petit nombre d’artistes de mérite qui n’ont pas
son génie. L’étranger, qui nous empruntait jusqu’alors nos émaillistes, com-
mence à avoir ses artistes nationaux. En Angleterre, c’est le Suédois Boit,
peintre de la reine Anne, qui, au cours d’un séjour à la cour de Vienne en
1700, a peint Y Empereur Léopold Ier de la collection David Weill, et un peu
plus tard sans doute la plaque de Vénus et l'Amour de la collection Gélis.
C’est aussi le Saxon G.-F. Zincke, auteur de la Duchesse de Marlborough de
la collection David Weill, singulièrement expressive et vivante. En Dane-
mark, c’est l’Alsacien Barbette, peintre du précieux portrait d’homme de la
collection Olivier, daté de 1695.
En Suisse, ce sont les trois frères
Huaud : Pierre, Jean-Pierre et Ami,
qui tantôt à Genève et tantôt à Ber-
lin, à la cour de l’Electeur, multi-
plient les boîtiers de montres déco-
rés de sujets mythologiques, souvent
faibles de dessin, mais singulière-
ment riches de coloris (collections
Olivier, Blot-Garnier, Gélis, Hallé).
Ils font aussi, mais plus rarement,
des portraits, comme celui de
M. David Weill, signé « les frères
Huaut fec. ». Toute une suite d’élè-
ves, les André et les Mussard, conti-
nueront leurs m otifs préférés — entre
autres la Charité romaine — jus-
qu’au milieu du xvme siècle (coll. Oli-
vier, Hallé, David Weill, Jacmart).
Sous Louis XV et sous Louis XVI la société française, pressée de jouir,
s’accommode mal des procédés longs et minutieux de la peinture au feu ; pour
dix miniaturistes sur carte, on ne trouve peut-être pas un émailliste. Ce sont
des étrangers, des Suisses, des Allemands, des Suédois, qui reviennent exercer
chez nous le métier que nous leur avons appris.
Mais quels maîtres que ce Liotard, Genevois, qui a signé en 1749 le por-
trait d’homme de la collection Sambon, ce Hall, Suédois, qui a mis son nom
sur le personnage d’une si émouvante expression de la même collection,
ce Thouron, Genevois, représenté à Galliera comme il ne l’est certainement
nulle part ailleurs avec le portrait d’homme de la collection Gélis, la Baronne
d’Etigny d’après Danloux, appartenant à M. Artus, et la Cruche cassée, d’après
- 5e PÉRIODE. 8
PORTRAIT DE LA BARONNE d’ÉTIGNT
PAR THOURON
ÉMAIL SUR CUIVRE
(Collection de M. E. Artus.)
VIII.
D?
à l'avènement de Louis XV, le vide causé par l’exil et la mort de Petitot est
difficilement comblé par un petit nombre d’artistes de mérite qui n’ont pas
son génie. L’étranger, qui nous empruntait jusqu’alors nos émaillistes, com-
mence à avoir ses artistes nationaux. En Angleterre, c’est le Suédois Boit,
peintre de la reine Anne, qui, au cours d’un séjour à la cour de Vienne en
1700, a peint Y Empereur Léopold Ier de la collection David Weill, et un peu
plus tard sans doute la plaque de Vénus et l'Amour de la collection Gélis.
C’est aussi le Saxon G.-F. Zincke, auteur de la Duchesse de Marlborough de
la collection David Weill, singulièrement expressive et vivante. En Dane-
mark, c’est l’Alsacien Barbette, peintre du précieux portrait d’homme de la
collection Olivier, daté de 1695.
En Suisse, ce sont les trois frères
Huaud : Pierre, Jean-Pierre et Ami,
qui tantôt à Genève et tantôt à Ber-
lin, à la cour de l’Electeur, multi-
plient les boîtiers de montres déco-
rés de sujets mythologiques, souvent
faibles de dessin, mais singulière-
ment riches de coloris (collections
Olivier, Blot-Garnier, Gélis, Hallé).
Ils font aussi, mais plus rarement,
des portraits, comme celui de
M. David Weill, signé « les frères
Huaut fec. ». Toute une suite d’élè-
ves, les André et les Mussard, conti-
nueront leurs m otifs préférés — entre
autres la Charité romaine — jus-
qu’au milieu du xvme siècle (coll. Oli-
vier, Hallé, David Weill, Jacmart).
Sous Louis XV et sous Louis XVI la société française, pressée de jouir,
s’accommode mal des procédés longs et minutieux de la peinture au feu ; pour
dix miniaturistes sur carte, on ne trouve peut-être pas un émailliste. Ce sont
des étrangers, des Suisses, des Allemands, des Suédois, qui reviennent exercer
chez nous le métier que nous leur avons appris.
Mais quels maîtres que ce Liotard, Genevois, qui a signé en 1749 le por-
trait d’homme de la collection Sambon, ce Hall, Suédois, qui a mis son nom
sur le personnage d’une si émouvante expression de la même collection,
ce Thouron, Genevois, représenté à Galliera comme il ne l’est certainement
nulle part ailleurs avec le portrait d’homme de la collection Gélis, la Baronne
d’Etigny d’après Danloux, appartenant à M. Artus, et la Cruche cassée, d’après
- 5e PÉRIODE. 8
PORTRAIT DE LA BARONNE d’ÉTIGNT
PAR THOURON
ÉMAIL SUR CUIVRE
(Collection de M. E. Artus.)
VIII.