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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
À côté de Gauffier, nous rencontrons un autre ami de Fabre, Léonor
Mérimée, un camarade d’atelier, qui concourut avec lui en 1787 au prix de
Rome, où il se classa seulement le second, le retrouva ensuite en Italie et
resta jusqu’à sa mort intimement lié avec son plus heureux rival. Mérimée
ne fut pas un grand peintre ; il déserta même la peinture pour les fonctions
administratives de secrétaire perpétuel de l'Ecole des Beaux-Arts, et il doit
sans doute à son fils Prosper la chance d’avoir sauvé de l’oubli le nom de
Mérimée1. Comme Fabre,
comme Gauffier, comme
tous les élèves de David, il
prétend à la peinture d’his-
toire et ne survit que grâce
à d’aimables portraits. Il
avait offert à son ami Fabre
une petite toile intitulée
Vertumnc et Pomone, une
réduction de son tableau du
Salon de l’an VII, aujour-
d’hui détruit : c’est une com-
position agréable peinte
dans des tons clairs, quelque
chose comme la Rose mal
défendue de Debucourt
transposée en costumes
grecs ou romains. L’inspi-
ration a dû paraître un peu
mince pour un peintre d’his-
toire. Mérimée n’insista pas.
Peut-être fit-il bien.
Parmi les amis et les con-
temporains de Fabre, nous
trouvons encore ses camarades de Rome, Boguet, paysagiste bien oublié qui
regarde la nature à travers Guaspre Poussin. Desmarais et Meynier, peintres
d’histoire, représentés ici' par les esquisses de leurs grandes machines clas-
siques : Mort de Lucrèce, Mort de Timophane ; ces jeunes gens n’étaient déci-
dément pas gais. De Girodet, Fabre avait acquis, à la vente de son atelier,
une esquisse, vivement enlevée, de son fameux Hippocrate refusant les pré-
sents d’Artaxerxès. Enfin une toute petite pochade de Lethière, Y Enlèvement
V E R T U M N E ET POMONE, PAR LÉONOR MERIMEE
(Musée de Montpellier.)
1. Cf. G. Pinet, Léonor Mérimée, iyi3.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
À côté de Gauffier, nous rencontrons un autre ami de Fabre, Léonor
Mérimée, un camarade d’atelier, qui concourut avec lui en 1787 au prix de
Rome, où il se classa seulement le second, le retrouva ensuite en Italie et
resta jusqu’à sa mort intimement lié avec son plus heureux rival. Mérimée
ne fut pas un grand peintre ; il déserta même la peinture pour les fonctions
administratives de secrétaire perpétuel de l'Ecole des Beaux-Arts, et il doit
sans doute à son fils Prosper la chance d’avoir sauvé de l’oubli le nom de
Mérimée1. Comme Fabre,
comme Gauffier, comme
tous les élèves de David, il
prétend à la peinture d’his-
toire et ne survit que grâce
à d’aimables portraits. Il
avait offert à son ami Fabre
une petite toile intitulée
Vertumnc et Pomone, une
réduction de son tableau du
Salon de l’an VII, aujour-
d’hui détruit : c’est une com-
position agréable peinte
dans des tons clairs, quelque
chose comme la Rose mal
défendue de Debucourt
transposée en costumes
grecs ou romains. L’inspi-
ration a dû paraître un peu
mince pour un peintre d’his-
toire. Mérimée n’insista pas.
Peut-être fit-il bien.
Parmi les amis et les con-
temporains de Fabre, nous
trouvons encore ses camarades de Rome, Boguet, paysagiste bien oublié qui
regarde la nature à travers Guaspre Poussin. Desmarais et Meynier, peintres
d’histoire, représentés ici' par les esquisses de leurs grandes machines clas-
siques : Mort de Lucrèce, Mort de Timophane ; ces jeunes gens n’étaient déci-
dément pas gais. De Girodet, Fabre avait acquis, à la vente de son atelier,
une esquisse, vivement enlevée, de son fameux Hippocrate refusant les pré-
sents d’Artaxerxès. Enfin une toute petite pochade de Lethière, Y Enlèvement
V E R T U M N E ET POMONE, PAR LÉONOR MERIMEE
(Musée de Montpellier.)
1. Cf. G. Pinet, Léonor Mérimée, iyi3.