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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
sur un juste équilibre. Mais Julio Antonio n’est pas une force uniquement
castillane; et ainsi il lui a été donné de contempler le désert mystique
avec la sérénité de son origine méditerranéenne, comme si son génie, après
avoir, durant le jour respiré à pleins poumons le souffle large et pur des
Acropoles à l’harmonie vivante, s’agenouillait au soir dans une cathédrale,
devant un de ces Christs qui, de leurs membres émaciés, commandent les
flagellations.
C’est peut-être ce que l’artiste voulait exprimer clairement lorsque, dans
sa dernière production, dont nous donnons ici les deux personnages, il
dressait, derrière le corps mort du jeune adolescent, aux pures lignes
attiques, la figure douloureuse de la mère chrétienne. On ne saurait trop
insister sur le sens de cette œuvre, à laquelle la réalité devait donner aussitôt
la force d’un pressentiment : la dernière création de l’artiste, celle que tout
Madrid vint pieusement admirer pendant l’agonie de son auteur, fut un
monument funéraire pour un jeune homme.
MARGARITA NELKEN
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
sur un juste équilibre. Mais Julio Antonio n’est pas une force uniquement
castillane; et ainsi il lui a été donné de contempler le désert mystique
avec la sérénité de son origine méditerranéenne, comme si son génie, après
avoir, durant le jour respiré à pleins poumons le souffle large et pur des
Acropoles à l’harmonie vivante, s’agenouillait au soir dans une cathédrale,
devant un de ces Christs qui, de leurs membres émaciés, commandent les
flagellations.
C’est peut-être ce que l’artiste voulait exprimer clairement lorsque, dans
sa dernière production, dont nous donnons ici les deux personnages, il
dressait, derrière le corps mort du jeune adolescent, aux pures lignes
attiques, la figure douloureuse de la mère chrétienne. On ne saurait trop
insister sur le sens de cette œuvre, à laquelle la réalité devait donner aussitôt
la force d’un pressentiment : la dernière création de l’artiste, celle que tout
Madrid vint pieusement admirer pendant l’agonie de son auteur, fut un
monument funéraire pour un jeune homme.
MARGARITA NELKEN