Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Jamot, Paul: Notre-Dame du Raincy
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0222

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
202

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sible les matériaux qu'il est le plus facile de se procurer. C’est ainsi que,
dans des régions différentes et différemment pourvues, la cathédrale d’Albi
est un chef-d’œuvre de la construction en brique, les cathédrales de Char-
tres, d’Amiens et de Reims des chefs-d’œuvre de la construction en pierre.
Aujourd'hui, le béton armé se trouve partout. C’est un « matériau », comme
disent les techniciens, fabriqué industriellement. 11 s’offre, s'impose en toute
région, à tout architecte. Bon marché, solidité, ductilité, faculté de se prêter
aux conceptions les plus hardies et de rendre possibles les tours de force d’exé-
cution, il a toutes les vertus, excepté cette richesse et cette beauté d'aspect
qu’il ne saurait disputer au marbre ni à la pierre.

Jusqu’ici, au moins pour les monuments publics et pour les édifices qui
supposent une certaine grandeur d’effet, il n’avait guère été employé que
comme une armature ou, s’il fournissait toute la construction, on le dissi-
mulait sous un revêtement de marbre ou de stuc. Au Raincy, le béton nu
joue le rôle d'une matière noble. A l'extérieur comme à l’intérieur, il est appa-
rent, à l’état brut.

Ne croyons pas, d’ailleurs, que, par un respect fétichiste pour un produit
incomparablement résistant et docile, les frères Perret s'interdisent de
l’orner, de l’embellir. Non, ils savent très bien qu'avec plus de temps et plus
d’argent, ils auraient pu, ne fût-ce qu'en polissant leur béton, donner à cer-
taines parties de l’édifice un aspect plus précieux. Mais la rapidité et l’écono-
mie étaient les deux premiers articles du cahier des charges. R est à l’hon-
neur des architectes que ni cette rapidité ni cette économie ne les aient
obligés à des sacrifices compromettant la signification de leur œuvre.

N’y a-t-il pas, même, une certaine convenance entre cet état brut du béton
et les formes architecturales de la façade P Le haut clocher qui, depuis le sol
jusqu’à la croix terminale, n’admet d’autre matière que le béton, est conçu
un peu comme ces clochers d’églises bretonnes où tout, même la flèche,
est en granit. La rudesse du béton et la rudesse du granit devaient suggérer
des formes analogues et produire un effet du même genre.

*

* *

Notre-Dame du Raincy est un vaisseau de 56 mètres de long sur 20 mètres
de large. On pourrait dire que c’est une simple nef, sans transepts, ni bas-
côtés, ni abside. Du moins, ces parties traditionnelles du plan de nos églises
y sont-elles limitées à la valeur d indications ou de survivances. G est encore
l’économie et la rapidité qui conseillèrent ces réductions. Mais il faut ajouter
que de telles réductions vont dans le sens où s oriente la pensée d un archi-
tecte soucieux de satisfaire aux besoins actuels des fidèles.
 
Annotationen