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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Nr. 3
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Hevesy, André de: Une "Histoire Turque" enluminée: provenant de la bibliothèque de Wladislas II, roi de Hongrie et de Pologne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0322

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296

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

aux ressources de son imagination. Rien de vraiment oriental dans cette
miniature, si ce n’est la figure de Bajazet. Ce grave vieillard est d’une
réalité saisissante, et peut-être bien l’artiste eut-il sous les yeux, quand il le
peignit, quelque prisonnier musulman, accroupi sur une place de Bude,
attendant avec résignation son sort incertain.

Il est aisé de fixer une date à notre manuscrit. Wladislas régna de 1490
à 1516. Bajazet, le dernier sultan dont cette chronique rapporte les faits,
mourut en i5i2. Et la circonstance que le volume resta inachevé fait croire
qu'on l’entreprit peu de temps avant la mort de Wladislas.

Quant au peintre de cette œuvre, on peut affirmer avec certitude qu’il
sort du même atelier que le maître du Ccissien. Ce dernier est plus classique,
d’un dessin plus ferme. Mais son élève, qui a enluminé l’histoire turque,
apporte dans son travail une fantaisie plus variée, un plus grand goût du
pittoresque.

Dans des livres de comptes de Wladislas, on relève le nom de plusieurs
copistes et enlumineurs. En 1494, ce prince anoblissait le copiste Jean,
qui avait transcrit pour lui l’histoire de Hongrie d’Antonio Bonfinio. L’année
suivante, le trésorier royal faisait verser soixante florins à l’abbé de Madocsa,
« enlumineur des livres royaux1 ». On n’a aucune raison d’attribuer à
cet abbé de Madosca les illustrations de notre Histoire turque. Pourtant, il
semblait intéressant de relever dans ces pages consacrées à ce manuscrit le
nom du célèbre enlumineur.

Ce qui est certain, c’est que la chronique turque du roi Wladislas a bien
peu de valeur au point de vue de l’iconographie orientale. Toutefois, sans
compter l’attrait qu’il exerce en tant que fort beau livre, ce manuscrit ne
manque pas d’intérêt pour l’histoire de la miniature. C’est un document qui
prouve que les enlumineurs de l’école du Cassien, qui furent sans doute du
nombre des artistes que Mathias Corvin réunit à Bude, continuèrent leur
œuvre longtemps encore après la mort de ce prince. Il faut espérer que des
recherches ultérieures apporteront de nouvelles contributions à l’histoire de
ces curieux miniaturistes.

ANDRÉ DE HEVESY

i. Madocsa était une ancienne abbaye bénédictine dans le sud de la Hongrie; elle
appartenait au diocèse de Cinq Églises. Les Bénédictins avaient abandonné cette abbaye,
de sorte que Sixte IV, en 1/174, la donnait à Grégoire Gyulay. En i498, un certain Jean
Antoine occupe le siège abbatial de Madocsa. On ignore lequel de ces deux abbés avait
porté le titre d’enlumineur des livres royaux.
 
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