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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Nr. 3
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Monod, François: La galerie Altman au Metropolitan Museum de New-York, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0330

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

3oZ|

Steengracht (1643), le Portrait d’homme de la vente de Lord Ashburton, et
une étude de modèle provenant de la collection Adolf Thieme, Y Homme au
gorgerin (i644), empruntant, à peu de mois d’intervalle, son geste au capi-
taine Banning Cocq de la Ronde de nuit, représentent la maturité, le
calme dans la contemplation et le rêve, comme dans la possession de la
réalité solide. Le Portrait d’homme à barbiche carrée, en rabat uni, un gant
dans la main, daté de 164• (le dernier chiffre effacé), se place entre deux
effigies pareilles de mise en cadre: Y Homme au gant de Bruxelles ( 16 41 ) et
le Claes Berchem (1647) de la collection du duc de Westminster. Les lèvres
d’orateur, l’intelligence froide et agressive, indiquent un avocat ; la ressem-
blance, les dates, suggèrent l'avocat Tholincx, une dizaine d’années avant
son portrait du Musée Jacquemart-André ( 1656). Le roman de la Bethsabée,
demeurée jusqu’en 1741 en Hollande, poursuivant ensuite, au cours de deux
siècles, chez d’illustres amateurs étrangers, sa carrière cosmopolite de triom-
phante aventurière, ne rentrant enfin au pays que pour émigrer bientôt à
l’Eldorado, témoigne de la séduction qu elle n’a jamais cessé d’exercer.
Les deux autres poèmes passionnés consacrés par Rembrandt à la beauté
féminine, la Danaé de l’Ermitage (iG36), la Bethsabée du Louvre (i654). ne
sont, malgré les prestiges de la mise en scène, que de puissants morceaux
de nu, saturés de réalité, les portraits intimes des deux femmes qui ont
partagé sa vie et rempli son cœur: de Saskia jeune épouse encore, et de la
servante-maîtresse du veuf. Seule la Bethsabée de 1643 est pure poésie, sans
autre substance que la brièveté ardente du Livre de Samuel — « Un soir..,
David... se promenant sur la terrasse du palais, aperçut une femme très
belle qui se baignait », — que le lyrisme oriental du Cantique des Cantiques,
et des souvenirs vénitiens peut-être, jouant parmi des brumes et des lueurs,
une apparition crépusculaire où l’ombre diaprée, le mystère d’un décor de
féerie, les feux mourants du couchant, modulent le songe d’une nuit d’été ;
de toutes les visions de Rembrandt celle où sa peinture a touché de plus
près aux enchantements de la musique. Il est curieux d’observer que, si les
dates n’étaient là, dans le Modèle du Musée de Glasgow (vers 1662), où, sur
un tréteau d’atelier, Hendrickje Stoffels répète le motif central du tableau,
on reconnaîtrait, au lieu d’une réminiscence, une étude préliminaire.

Autre poème, mais où le cri du cœur a remplacé la voluptueuse chimère,
le Titus de i655 : l’émoi d’un père contemplant dans l’adolescence char-
mante d’un fils unique la résurrection de la mère, morte jeune à sa
naissance, les souvenirs du bonheur passé, la méditation d’une affection
présente, forte comme la vie elle-même, un ravissement de mélancolique
tendresse, paré par l’éternelle fantaisie de magnificence du visionnaire, et
enveloppé dans le clair-obscur le plus précieux ; la dernière œuvre de Rem-
 
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