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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 8.1923

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Nr. 4
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Sarradin, Édouard: Le Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24940#0402

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366

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

presse, et quelques vivants nous attendent encore. Il y aurait pourtant plaisir
à s’attarder un peu entre Ingres et Manet, placés ici vis-à-vis l’un de l’autre1,
et, qui sait? à les entendre dialoguer...

La section d’art religieux s’honore de deux grands cartons de mosaïques
peints parM. Maurice Denis, l’un, le Baptême du Christ, pour l’église de
Saint-Paul de Genève, l’autre, noblement inspiré du sacrifice de nos soldats,
pour l’église de Quimperlé : tous deux faits à souhait, techniquement et
(( spirituellement», pour leur destination; et d’une composition dédiée au
Soldat inconnu par M. George Desvallières, où le lyrisme pictural de cet
ardent coloriste s’exprime avec une abondance toute suscitée de l’âme.
D’autres ouvrages encore sont dignes de retenir l'attention, dont le moins
touchant n’est pas la Pietà de M. Charles Bisson. Nous avons choisi pour
notre illustration l'un des plus poignants, la Mater dolorosa de M. Anto-Carte,
imagier imbu de tradition et qui, par son loyal et pénétrant dessin, se
place au premier rang des artistes belges.

Dans l'art « profane », c’est au premier rang aussi que son compatriote
Rik Wouters venait d’atteindre quand la mort le prit en 1916, âgé de trente-
quatre ans. Comme le souhaitait naguère ici même notre ami Fierens-
Gevaert2, voici que l’on nous a permis d’apprécier sur un choix assez nom-
breux de ses ouvrages ce coloriste plein de franchise et d’esprit et qui nous
intéresse d’autant plus que la vérité lui a été, si je puis dire, révélée sous la
double sauvegarde de Degas et de Renoir.

La maîtrise de ce jeune homme méritait bien d’être fêtée au Salon d’Au-
tomne, Salon des libres efforts où l'on semble faire de mieux en mieux la
différence entre peindre et peinturer ; je veux dire que l'on n’y rencontre
presque plus la gent barbouilleuse qui nous a quelquefois rappelé ce badi-
geonneur de barrières, lequel, sur la félicitation que M. de Yillelte lui faisait
de sa rapidité, s’écriait: « Je me fais fort d’effacer en un jour tout ce que
Rubens a peint dans sa vie. »

ÉDOUARD SARRADIN

1. Ingres est représenté par l’admirable Portrait de M. Devillers, directeur de l’Enre-
gistrement et des Domaines, qu’il peignit à Rome en 181 1 (année dont sont datées aussi
les effigies de M. Bochet, de M. de Norvins et de Mrae Panckoucke) ; Manet, par la Dame
aux éventails, faite en 1874 et qui n’est autre que Nina de Villard, célébrité d’il y a quarante
ans, sur laquelle M. Tabarant, mieux que personne au courant de tout ce qui touche à la
vie du peintre, nous donne de piquants détails dans le Bulletin de la vie artistique du
i5 novembre dernier.

2. Y. Gazette des Beaux-Arts, 1923, t. I, p. 317 et suiv.
 
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