MÉLANGES HULIN DE LOO
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l’incohérence de ses éléments stylistiques (1). On commença
par faire des soustractions à l’œuvre de l’insaisissable
« portraititste ». Dès l’hiver 1914, Max J. Friedlânder
dans une communication sur Willem Key à la « Kunst-
geschichtliche Gesellschaft » de Berlin, détacha les deux
pendants de 1543 et les rapprocha de Willem Key, s’ap-
puyant sur la ressemblance du tableau d’Anvers avec un
dessin de la collection Hofstede de Groot (2), qui est signé
« Guilielmus Keyen faciebat carbone lapidoque rubro
1556 ». Un an plus tard, en décembre 1915 (voir « Sitzungs-
berichte der Kunstgeschichtlichen Gesellschaft Berlin »),
Friedlânder posa relativement au portrait de Windsor, la
question que voici : « est-il possible de considérer ce tableau
et son pendant comme des œuvres particulièrement tar-
dives de la série des portraits du Maître de la Mort de
Marie? »
Malgré tout on comptait encore garder un certain nombre
de portraits formant le noyau de la production d’une
personnalité unique, bien définie <et dont le nom seul faisait
défaut, et qui par son caractère, se plaçait à côté des por-
traitistes comme Joos van Cleef, J. C. Yermeyen, Antonio
Moro, Frans Floris et Willem Key. Winkler fit une ten-
tative dans ce sens (Die Altniederlandische Malerei, 1924,
pp. 327, 330) en remplaçant le nom de Joos van Cleef
jeune, désormais impossible par celui de Cornelis van Cleef.
L’analyse stylistique et la confiance exagérée en van
Mander ont pareillement collaboré à la construction du
(1) Walter Cohen, par exemple, sans se douter de l’existence du Joos
van Cleef jeune, se montrait très sceptique en ce qui regarde les ouvrages
rassemblés jusque là sous ce nom. Il écrivit entre autres dans le Thieme-
Becker, VII, 1912, p. 99 : « Mit entschiedenheit muss, da es bisher noch
nicht geschehen ist, darauf hingewiesen werden, dass die Windsorbilder
und die damit wirklicb zusammenhângenden Stücke dem Portrâtstil des
Meisters des Todes der Maria, den wir mit Joos van Beke, dem âlteren Cleve,
zu identifizieren gewohnt sind, durchaus nicht fernstehen... ».
(2) La feuille fut publiée en 1923 par F. Becker, dans Handzeichnungen
hollandischer Mater aus der Sammlung Hofstede de Groot, n° 20.
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l’incohérence de ses éléments stylistiques (1). On commença
par faire des soustractions à l’œuvre de l’insaisissable
« portraititste ». Dès l’hiver 1914, Max J. Friedlânder
dans une communication sur Willem Key à la « Kunst-
geschichtliche Gesellschaft » de Berlin, détacha les deux
pendants de 1543 et les rapprocha de Willem Key, s’ap-
puyant sur la ressemblance du tableau d’Anvers avec un
dessin de la collection Hofstede de Groot (2), qui est signé
« Guilielmus Keyen faciebat carbone lapidoque rubro
1556 ». Un an plus tard, en décembre 1915 (voir « Sitzungs-
berichte der Kunstgeschichtlichen Gesellschaft Berlin »),
Friedlânder posa relativement au portrait de Windsor, la
question que voici : « est-il possible de considérer ce tableau
et son pendant comme des œuvres particulièrement tar-
dives de la série des portraits du Maître de la Mort de
Marie? »
Malgré tout on comptait encore garder un certain nombre
de portraits formant le noyau de la production d’une
personnalité unique, bien définie <et dont le nom seul faisait
défaut, et qui par son caractère, se plaçait à côté des por-
traitistes comme Joos van Cleef, J. C. Yermeyen, Antonio
Moro, Frans Floris et Willem Key. Winkler fit une ten-
tative dans ce sens (Die Altniederlandische Malerei, 1924,
pp. 327, 330) en remplaçant le nom de Joos van Cleef
jeune, désormais impossible par celui de Cornelis van Cleef.
L’analyse stylistique et la confiance exagérée en van
Mander ont pareillement collaboré à la construction du
(1) Walter Cohen, par exemple, sans se douter de l’existence du Joos
van Cleef jeune, se montrait très sceptique en ce qui regarde les ouvrages
rassemblés jusque là sous ce nom. Il écrivit entre autres dans le Thieme-
Becker, VII, 1912, p. 99 : « Mit entschiedenheit muss, da es bisher noch
nicht geschehen ist, darauf hingewiesen werden, dass die Windsorbilder
und die damit wirklicb zusammenhângenden Stücke dem Portrâtstil des
Meisters des Todes der Maria, den wir mit Joos van Beke, dem âlteren Cleve,
zu identifizieren gewohnt sind, durchaus nicht fernstehen... ».
(2) La feuille fut publiée en 1923 par F. Becker, dans Handzeichnungen
hollandischer Mater aus der Sammlung Hofstede de Groot, n° 20.