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Hulin de Loo, Georges [Honoree]
Mélanges Hulin de Loo — Bruxelles [u.a.], 1931

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https://doi.org/10.11588/diglit.42068#0266

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MÉLANGES HULIN DE LOO

Quelque temps après, à Paris, un tableau exposé à une
vitrine peu achalandée, dans une vieille rue de la rive
gauche, attirait mon attention pour des motifs analogues.
Dès le premier coup d’œil je fus persuadé que le tableau
anonyme du Prado et celui dont le hasard me procurait
la rencontre étaient de la même main.
Le sujet, c’est David et Bethsabée. Au loin, sur le balcon
d’un palais, on aperçoit le Roi avec sa lyre qui contemple
ce que le peintre nous présente au premier plan de son
ouvrage : la trop séduisante épouse d’Urie, entourée de ses
femmes sous une loggia ouverte qui domine une vaste pis-
cine. L’histoire biblique n’est pour le peintre, on n’en peut
douter, qu’un prétexte. Ce qu’il a voulu peindre, ce qu’il
a visiblement pris plaisir à peindre, ce sont des femmes au
bain, des femmes nues ou demi-nues, au milieu d’un somp-
tueux et romantique décor d’architectures et de jardins.
Bethsabée est assise; l’une des femmes, le torse nu et
le bas du corps enveloppé d’une robe jaune, agenouillée à
ses pieds, l’habille ou la déshabille. A moins d’un détail
précis qui supprime toute hésitation, il est aussi difficile,
en peinture, de reconnaître si une femme se livre à l’une
ou à l’autre de ces opérations contraires que de distinguer
entre un soleil couchant et un soleil levant. Car la peinture
se limite à un seul moment. Or les gestes dans lesquels
se décomposent l’une et l’autre opération sont pareils,
l’ordre de leur succession étant seul changé. Cette femme
qui nous tourne le dos, montrant ainsi tout son corps sans
voiles, met-elle la chemise qu’elle tient à bout de bras ou
la retire-t-el'le? Cette autre (c’est Bethsabée elle-même),
dont une seule épaule est couverte par un manteau de
velours rouge bordé d’hermine, tandis que le pan du
manteau tombe par derrière, et dont la robe verte est
simplement jetée en travers de ses genoux, a posé sa jambe
sur un escabeau et l’abandonne aux soins d’une suivante
dévouée. Le bas rouge que celle-ci tire à deux mains, est-ce
pour le faire monter ou pour le faire descendre? Des
 
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