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NOTICE SUR UN TABLEAU

attribué à Guillaume Van de Yelde, puis à
Simon de Vlieger,représentant une bataille
navale entre les flottes espagnole et néerlan-
daise.

Cette mémorable bataille eut lieu le 13 sep-
tembrel639, près de Duyns (Angleterre) entre
la flotte espagnole, commandée par l’amiral
Antonio d’Orqueado et comprenant 67 na-
vires montés par 20,000 hommes, et la flotte
néerlandaise, commandée par Maarten Har-
pentzoon Tromp et composée seulement de
17 navires, dont un sauta en l’air avant le
combat.

Malgré la disproportion de ses forces,
Tromp profitant d’un brouillard épais, leva
l’ancre et courut à la recherche des Espa-
gnols. Son étonnement fut grand de se trouver
tout à coup en présence de cette forêt de
mâts, protégée en outre par une partie de la
flotte anglaise à l’ancre non loin de là, el
dont l’amiral fit signifier à Tromp de s’ab-
stenir de toute agression contre la flotte
ennemie. Mais celui-ci, n’écoutant que son
courage, se jeta sur son adversaire, et par
des manœuvres habiles, il parvint à acculer
les vaisseaux espagnols contre les dunes.
La flotte ennemie fut détruite en totalité,
sauf le vaisseau amiral et 8 autres navires
qui parvinrent à trouver une issue à travers
la ligne néerlandaise, et à se réfugier dans
le port de Dunkerque.

Dans cette bataille, les Hollandais prirent
ou détruisirent une quarantaine de navires
et blessèrent ou tuèrent 12,000 hommes.
Plusieurs vaisseaux chargés d’un riche
butin et 2,000 prisonniers furent conduits
dans les Provinces-Unies. Cette action d’é-
clat, qui devait immortaliser l’amiral hollan-
dais, lui valut, de la part des États-Généraux,
une gratification importante, et du roi de
France, le titre de chevalier en outre d’un
cadeau royal (1).

Il résulte de cette narration que, selon
toute probabilité, les États-Généraux auront
commandé à l’auteur du tableau de repro-
duire par le pinceau ce magnifique fait
d’armes, dont les annales militaires n’offrent
guère d’autre exemple.

Il serait trop long de décrire complète-
ment cette admirable et grandiose page his-
torique, qui doit avoir eu jadis sa place
dans un grand établissement public. Son
transfert dans une collection particulière ne
peut guère s’expliquer que par la décadence
de la peinture au commencement du siècle
dernier. A cette époque, le goût pour les
beaux arts, et particulièrement pour la pein-
ture, était passé de mode, et les meilleurs
tableaux furent relégués dans les greniers
ou vendus aux fripiers. A l’appui de cette

(1) Extrait de » Geschiedenis des historisclie ge-
denk penningen, van Gérard van Loon. S’Graven-
hage, MDCCXXVI, » p. 251.

opinion, nous citerons ce fait que, depuis
un demi-siècle, on a enlevé de la Hollande
pour dix millions de tableaux, dont plusieurs
chefs-d’œuvre ont été acquis pour quelques
florins. Si nous avions quelque jour le loisir
de nous occuper de ces circonstances, nous
poumons relever des faits curieux du plus
haut intérêt.

Revenant à la description du tableau,
nous nous bornerons aux indications sui-
vantes :

Le premier plan est en partie occupé par
le vaisseau amiral espagnol, dont la proue
est probablement en feu, attendu que son
nombreux équipage se retire sur la poupe et
s’y presse avec tant de hâte que des hommes
sont précipités dans le vide. Vers la gauche,
l’équipage d’un navire qui vient de couler à
fond cherche à se sauver à la nage et en pro-
fitant des débris flottants qui couvrent la
mer. Plusieurs navires espagnols, échoués
sur le sable des dunes, sont détruits par
l’artillerie de la flotte néerlandaise. Des
nuages épais de fumée les dérobent en partie
aux yeux.

Nous ne saurions rien dire de la prove-
nance de ce chef-d’œuvre, si ce n’est que
nous l’avons vu il y a plus d’un demi siècle,
dans la célèbre galerie du baron van Lok-
horts, â Rotterdam, et que depuis cette
époque, il n’est jamais sorti de cette famille.
Un de ses descendants possède encore au-
jourd’hui ce tableau, dont la place serait au
musée d’Amsterdam ou à celui de La Haye.

Nous l’avons déjà dit, ce tableau a tou-
jours été reconnu pour être l’œuvre de Guil-
laume van de Velde; cependant, pour nous,
il pourrait bien être de son maître, Simon de
Vlieger. Au reste,au risque de nous tromper,
nous appelons sur ce point l’avis des con-
naisseurs plus aptes que nous à résoudre
cette question.

Heris,

Chevalier de l’ordre de Léopold. Expert
des Musées Royaux de Belgique.

Bruxelles, le H mai 1878.

L’ARCHITECTURE NÉERLANDAISE
AU XVIlmo SIÈCLE. (Suite.)

Depuis les maîtres de l’école du Louvre,
l’art français ne revêtit un type accusé et ne
prit réellement date que de l’échec du Cava-
lier Bernin préparé — avant l’audacieuse ini-
tiative de Claude Perrault — par l’heureux
succès d’un de nos compatriotes, le Liégeois
Jean Warin. De l’aveu même de Bernini,
Warin enleva la palme dans le fameux tour-
noi où ces deux artistes furent appelés à
modeler le buste de Louis XIV. Par le re-
tentissement qui se fit à la Cour autour de
son œuvre, Jean Warin porta le coup de mort
à la suprématie italienne dans les beaux-arts
en France.

Et pourtant, cette supériorité des Italiens
dans tout ce qui regarde les arts du dessin

était chose si universellement admise par les
Français eux-mêmes que cette faveur tournait
à l’exclusivisme partout où s’étendait l’in-
fluence de cette Cour. Que l’on en juge par
la manière dont s’exprimait Adam Philippon
dans une humble dédicace à la Reine régente :

« Madame, après avoir passé plusieurs an-
» nées à Rome, où j’ai eu l’honneur de ser-
» vir Sa Sainteté Urbain VIII et plusieurs
» autres princes de l’Église, en qualité de
» menuisier et ingénieur, le défunt roi Louis
» XI11, d’heureuse mémoire, envoya par
» toute l’Italie faire rechercher des hommes
» des plus célèbres aux arts de peinture,
» sculpture et autres professions, nécessaires
» aux décorations de ses palais, entre lesquels
» j’eus le bonheur d’avoir quelqu’employ,
n particulièrement la commission de faire
» passer de Rome à Paris beaucoup d’ou-
» vriers et grand nombre des plus beaux
» bas-reliefs et figures, dont je me suis acquitté
» avec autant de satisfaction que de fidélité.

» M. Desnoyers me donna ensuite en em-
» ploi la menuiserie de la grande galerie du
» Louvre ; mais le ciel, envieux de notre
» bonheur, nous ravit bientôt après l’objet
» principal de notre bien, dont la mort a fait
» désister toutes les haultes entreprises.

» Chacun s’étant alors retiré, me voyant
» sans employ, je m’occupay à mettre en-
» semble plusieurs beaux morceaux d’orne-
» ments antiques et modernes, que j’ai des-
» sinés dans Rome et dans d’autres villes
» d’Italie ; ouvrage qui sera de très-grand
» service à toute personne sujette au dessin,
» comme architectes, peintres, sculpteurs,
» menuisiers, massons et auctre profession.»

Ce Philippon fut plus tard le maître de
Jean le Peaustre ; l’un des artistes qui, sans
pouvoir s’affranchir tout à fait de l’influence
italienne, devaient un jour introduire en
Europe la prépondérance du goût français.

La France sentait si bien son infériorité
artistique à l’époque du règne de Henri IV,
que les esprits éclairés et sérieux songèrent
à se retremper directement à la source an-
tique pour frayer à l’art français une voie
moins servilement italienne que celle où il
s’était imprudemment engagé à la suite des
tendances « ultramontaines » des reines de
la maison de Médicis.

En i566, Julien Mauclerc, gentilhomme
poitevin, seigneur du Ligneron-Mauclerc,
la Brossardière et Remanguis, « pour lors
âgé de cinquante-cinq ans, » élabora un traité
d’architecture d’après les préceptes de Vitruve,
qu’il donna à graver à René Boyvin. Par
suite des circonstances qu’on va lire, ce livre
ne fut publié que le i5 juillet 1647, par
Pierre Daret, graveur ordinaire du roi, à Pa-
ris, rue St-Jacques, proche du cloître Sainct
Benoist. « L’autheur de l’ouvrage que je vous
» présente, » dit Daret, « estoit Gentilhomme,
» et pour donner à sa profession ce qu’il lui
» devoit, il suivit le grand Henry partout où
 
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