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tre évêque, prenait pour exorde de son dis-
cours, les dernières paroles de son prédéces-
seur, en faisait la première prémisse d’un
nouveau syllogisme et remportait un splendide
succès, que ses 5000 auditeurs de 1864 nont
pas oublié encore aujourd’hui.

VAndante de M. Widor, très-fin, très-élé-
gant, même religieux, comme l’a désiré l’au-
teur, a peut-être le tort de donner au piano
un fragment de phrase qui rappelle, mélodi-
quement parlant, le tour du premier sujet.
Pour justifier ce que nous disons ici, nous
devrions procéder, le scalpel à la main, connue
le faisait si admirablement feu M. le chanoine
de Vroye lorsqu’il analysait les types primor-
diaux des diverses mélodies grégoriennes.
Mais, vu l’abondance des matières, n’insistons
pas sur ce point.

Le Final est pimpant, attique, de bonne
main. Il est fait pour enthousiasmer l’audi-
toire et aura, certainement, bien des succès
de concert.

Nous espérons que sous peu la Belgique
pourra applaudir ce brillant auteur dans l’in-
terprétation personnelle de ses œuvres. L’an-
née dernière a été, pour Bruxelles et pour
Anvers, l’année des pianistes. MM. Brassin,
Dupont, Planté, St-Saens, Rubinstein, ont
successivement recueilli les palmes de la vic-
toire dans notre capitale. Le tour de M. Wi-
dor est arrivé. Nous comptons que l’adminis-
tration des concerts populaires et classiques
de Bruxelles s’adressera cet hiver à ce sym-
pathique jeune maître, aussi humble, aussi
modeste qu’il est plein de valeur.

Faisons aussi un éloge sans réserve du
Psaume XXIII, mis en musique pour chœurs,
soli et grand orchestre, par M. Charles Le-
febre, l’excellent directeur de l’École de mu-
sique religieuse de Paris. Voilà une partition
des plus distinguées comme inspiration et
comme facture. A l’exécution elle doit pro-
duire le plus grand effet. Aussi nous propo-
sons-nous de la faire entendre, à Louvain,
dans notre collégiale de Saint-Pierre, à l’une
des fêtes solennelles de l’hiver prochain. M.Le-
febvre démontre victorieusement qu’il est aussi
bon compositeur que bon professeur, deux mé-
rites bien rarement réunis en une seule per-
sonnalité.

Appelons, ensuite, toute l’attention de nos
lecteurs sur un remarquable discours pro-
noncé à l’Académie de Mâcon, par un savant
chef d’orchestre M. Hippolyte Rety, qui n’en
est pas à son coup d’essai en fait d’études musi-
cologiques. M.Rety se livre à d’intéressantes et
à d’utiles considérations sur ce qu’il faudrait
pour populariser en France le goût de la mu-
sique dite des oratorios. Ses conseils, dictés
par une sage expérience, seront lus avec le
plus grand fruit. Je crois cependant qu’il con-
vient, en plus, de tenir compte du caractère de
chaque peuple, dans l’étude des préférences
pour tel ou tel genre de productions artis-
tiques. Le Français, par tempérament, aime
l’action, le drame, le mouvement scénique.
L’Anglais, plus positif, plus sérieux, vivant,
comme l’Allemand, de la vie de famille sans
plus sortir de chez lui qu’il ne faut, est porté
vers le genre épique. Enfin, l’Oriental est
lyrique dans toute la force de cette expres-
sion. Aujourd’hui encore, c’est dans le Le-
vant, comme l’a si bien prouvé récemment
M. Bourgault-Du Goudray, qu’on trouve les
plus beaux élans du lyrisme vrai.

Or, il ne sera jamais facile de changer ces
proclivités naturelles.

— 130 —

D’autre part, avouons-le franchement, les
trois grandes sources qui alimentent l’épopée,
semblent se tarir de nos jours. La Religion, la
Patrie, la Famille, n’ont plus sur les foules
l’action vive et pénétrante qu’elles avaient aux
époques précédentes. L’oratorio, s’il m’est
permis de me servir d’un terme vulgaire,
n’empoigne plus son auditeur. Il n’y a plus
qu’en Angleterre où le peuple se tienne de-
bout pendant le chant du « God save the
Queën, ou pendant l’Alléluia du Messie de
Handel. Au célèbre festival de la gare du
Midi, à Bruxelles, il y a six ans, Y Alléluia
commençait à 5 heures de relevée. C’était
l’heure du dîner des habitants de la capitale.
La moitié des auditeurs désertèrent la salle de
concert, pour ne pas laisser refroidir le potage
à la maison.

Citons, enfin, pour la France, le charmant
recueil : les Trois couronnes, recueil de 45
mélodies religieuses deM. Alois Kunc, direc-
teur de la Musica Sacra, etc., compositeur à
Toulouse. Ces gracieuses petites œuvres con-
viennent particulièrement aux maisons d’édu-
cation. Elles sont fraîches, simplettes, naïves,
pleines de cœur et d’enthousiasme. Ecrites
par un artiste qui a l’expérience de ces sortes
de compositions, elles sont destinées au suc-
cès qui accueille toutes les productions de
leur sympathique auteur.

★ ★

*

Pour la Belgique signalons un Recueil de
24 mélodies, chant et piano, (Bruxelles, Ma-
hillon), de M. Ch. Mêlant, le jeune composi-
teur dont nous avons déjà parlé dans le Jour-
nal des Beaux-Arts. Il y a un cachet de
personnalité dans le style de Mêlant, qualité
peu commune par les temps qui courent. Son
tour de phrase mélodique et certaines de ses
harmonies sont neuves et originales.

Son mérite est d’autant plus remarquable
à nos yeux, que plusieurs des poésies dont il
s’est servi, sont pâles et sans accentuation.
Pour être vrai, nous dirons même qu’une ou
deux de ces pièces nous déplaisent absolu-
ment , comme canevas. D’autres ont une cer-
taine valeur.

M. Jules Berleur a édité récemment trois
beaux chœurs pour voix d’hommes : Chant
d’amour, Pensée de nuit, Hymne au drapeau.
Nous prédisons la vogue à ces œuvres élé-
gantes, que déjà bien des sociétés chorales
ont adoptées. Elles contribueront pour leur
part à étendre la renommée de notre école
nationale. M. Berleur est un artiste des plus
sympathiques, consciencieux dans ses travaux
et toujours à la recherche de la beauté vraie.

Nous recommandons chaleureusement aux
amateurs de musique sacrée le recueil fla-
mand intitulé : Harmoniœ sacrœ, collection de
messes et de motets faciles, publié, par livrai-
sons mensuelles, à Bruges, par M. Mesdagh
et H. Reyns. Cette collection est destinée à
rendre devrais services. Outre le mérite intrin-
sèque de sa valeur artistique, elle présente
encore l’avantage d’être faite par des musi-
ciens expérimentés, au courant des besoins
des petites maîtrises et déterminés à n’écrire
que des choses faciles, pas trop longues et
dans un style acceptable.

Ces Messieurs, dureste, se sont associé un
ecclésiastique, compositeur de très grand ta-
lent, M. l’abbé Busschaert, dont les cantiques
flamands, XXX Lofzangen, parus récemment,
sont de vrais petits bijoux d’archaïsme et
d’onctueuse simplicité.

M. Théodore Leclercq, professeur de chant
à l’Académie de musique de Louvain, vient de
publier en cette ville des Exercices journaliers
pour toutes les voix, petit traité pratique,
usuel, gradué, destiné à venir en aide aux
jeunes élèves chanteurs. Nous louons, sans ré-
serve, cette intéressante publication et nous
félicitons l’auteur de l’avoir dédiée à M. l’avo-
cat George Mascart, Secrétaire de l’Académie
louvaniste, homme d’un dévouement sans
bornes à la propagation de l'art.

Annonçons, enfin, une messe et trois nou-
veaux motets de M. E. Houssiau, le zélé
maître de chapelle de Hal, dont nous avons
déjà eu l’occasion de faire l’éloge; trois inté-
ressants motets de M. Gustave Stinglamber
et deux gracieuses compositions, dont l’une est
un cantique très réussi, de la jeune comtesse
Marie de Villermont, que le monde musical
sera désormais charmé de compter dans ses
rangs.

Chevalier van Elewyck.

LE SALON DE BRUXELLES

DE 1878.

On avait dit que le Salon serait faible. On
s’est trompé : il est remarquable et c’est ce
que nous allons prouver. S. M. le Roi et
la Reine s’y sont complu pendant trois
heures et le public a été aussi surpris qu’en-
chanté. Le local est excellent et la lumière
tout à fait convenable.

L’ensemble est réconfortant : les réalistes
sont en forte baisse; les impressionnistes ré-
fléchissent ; la grande peinture cherche à se
relever et à rattraper tout ce qu’elle a si mal-
adroitement laissé choir chez nous depuis
vingt à trente ans. Elle se relève, mais son
effort n’est encore qu’honorable, car ses
preuves ne sont que des témoignages de
bonne volonté. Il y aussi à l’exposition des
choses honteuses que la commission d’ad-
mission n’a pu accepter qu’en rougissant, car
il faut admettre quelle a eu la main forcée.
Un artiste valaque (un barbare) me disait
qu’il y avait au Salon de Bruxelles des saletés
indignes d’un peuple civilisé et il s’étonnait,
le cher naïf, qu’on eût osé conduire le Roi et
la Reine devant ces enseignes de mavais lieu
et ces appels à la haine entre citoyens. J’ai
dévoré en silence l’humiliation infligée à ma
patrie me promettant bien de raconter ici
l’épisode et d’engager les commissions futu-
res à songer sérieusement à sauvegarder
notre dignité sinon vis à vis de nous-mêmes
du moins vis à vis des autres.

Il faut aussi inviter messieurs les artistes
belges à regarder attentivement autour d’eux.
Les écoles de peinture tendent à se fusionner
et les études sérieuses prennent décidément
le dessus. A vos pièces, messieurs, l’ennemi
est aux portes ! Soyez moins orgueilleux des
succès que vous vous décernez bénévolement
entre vous ; soyez moins âpres à la commande
et aux ventes ; laissez reposer votre encens ;
ouvrez des livres et étudiez; comparez, jugez
et rentrez en vous-même; voyagez, instrui-
sez-vous; un peu moins de fanfaronade et
plus de méditation. Il y a urgence, car le
sceptre va vous tomber des mains.

M. Emile Wauters qu’on a si vite conduit
au Capitole en est redescendu lui-même avec
rapidité. Son Jean IV et les métiers de
Bruxelles est, comme conception, comme
expression et comme composition, une œu-
vre sans queue ni tête. Le coloris lui-même
 
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