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N° 5. - 15 Mars 1884. Vingt-sixième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Concours de gravures
à l'eau-forte. — Lettre certificat à la Jeune Bel-
gique. — La peinture flamande. — Correspon-
dance. — Bibliographie : Vade-mecum; Studien
etc. — Le musée de Douai. — Vente Unger à
Cologne. — Chronique générale. — Cabinet de
la curiosité. — Annonces.

Beaux-Arts.

CONCOURS

DE

GRAVURE À L'EAU-FORTE

ouvert par le Journal des Beaux-Arts.

1883-84.

Nous ouvrons notre concours habituel en
revenant aux anciennes règles et aux condi-
tions suivantes :

Une somme de mille francs est affectée
aux prix qui se divisent ainsi :

HISTOIRE.

Un prix unique de 400 frs. pour la meil-
leure eau-forte, représentant soit un sujet
inédit, soit, une copie d'un tableau flamand
ancien ou moderne.

A mérite éga! la préférence sera accordée
au sujet inédit.

GENRE.

Un prix unique de 300 fr.

PAYSAGE — INTÉRIEURS, ETC.

Un prix unique de 200 frs.

Une. somme de '100 frs reste affectée pour
encouragement s'il y a lieu.

La dimension des cuivres ne pourra dépasser
260 millim. sur 190 millimètres.

Les concurrents déjà couronnés ne pour-
ront obtenir qu'un prix supérieur à celui qui
leur aura été décerné dans un concours pré-
cédent.

Les artistes étrangers sont admis à con-
courir s'ils ont deux ans de résidence dans
'e pays.

Délai fatal 30 septembre 1884. A cette date
'es auteurs feront remettre franco aux bu-
reaux du journal, 2 ex. de leur gravure sur
Papier blanc et 2 ex. sur chine. Les cuivres
r>e seront exigés qu'après le jugement du
jury.

Les auteurs indiqueront le titre de leurs
Planches sur une enveloppe fermée conte-
nant leur nom et leur adresse.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS.

étranger : 12 fr.

Nous prions la presse sympathique aux
artistes de vouloir bien publier le présent
programme.

Nous prions instamment ceux de nos
abonnés qui désirent se procurer notre Al-
bum de 1880-82 de vouloir bien nous en
donner connaissance ; nos planches devant
être poncées dans un délai assez rapproché.

LETTRE

POUR SERVIR DE CERTIFICAT.
A Mademoiselle LA JEUNE BELGIQUE, rut
de l'Industrie, à Bruxelles.

Mademoiselle,

Veuillez me pardonner la respectueuse li-
berté que je prends de solliciter un moment
d'audience. C'est sans doute une grande
témérité à moi, gris-pomelé, tirant sur le
blanc, homme mûr et venu avec mes grosses
bottes de ma terre des Fagnes, de me pré-
senter à vous, la lionne du moment, entourée
d'une cour de jeunes gens que l'on dit jolis
à ravir; vous l'avez voulu. Mademoiselle, et
me voilà devant vous avec ma barbe hirsute,
mes habits poudreux, mais fort de mon droit.

Vous avez soutenu, sans doute à la suite de
popotages légers et insinuants, que je n'exis-
tais pas. On peut pardonner bien des choses
à une jolie femme, mais le respect de la vé
rité avant tout. Or, malgré l'affirmation de
mon honorable patron, l'aimable vieillard
que vous savez, je me dois de ne point garder
le silence qu'il voudrait m'imposer et je parle.
Oui, Mademoiselle, je parle et je vous prie
de m'écouter.

Je suis né au pays des Atuatiques, vous sa-
vez ceux qui ont donné tant de fil à retordre
à ce fameux capitaine nommé Jules-César.
Quand je dis « Vous savez e c'est une manière
de parler car dans vos régions on s'occupe peu
ou prou des choses du passé. — Je suis donc
Namurois et né au mois de Septembre i83o,
le jour où éclata une révolution dont vous
avez peut-être entendu parler. C'est assez
vous dire que je suis féru d'indépendance et
que, pour un rien du tout, j'entonne la Bra-
bançonne à pleine gueule, comme on dit à
l'entour de vous. Mes parents se rendirent à
Paris en 1842 où ils représentèrent une im-
portante société de métallurgie. A la chute
de Louis-Philippe, j'avais 18 ans et peu de

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s^nicolas (Belgique).

dispositions à devenir avocat, ce qui était le
rêve de mes parents. Je m'engageai dans un
régiment de dragons où je devins fourrier
après six mois de service. Le colonel m'avait
attaché à son bureau. J'étais, je puis l'avouer
modestement aujourd'hui, sans danger pour
personne, Mademoiselle, j'étais un bel homme,
j'avais quelque instruction, mon chemin fut
assez rapide; je fus envoyé à l'école militaire
de Saumur où le matin je donnais des leçons
d'équitation et l'après-midi, à l'école de la ca-
serne, un cours d'histoire et de géographie,
sciences que l'on dit inutiles à l'armée entre
autres, bien qu'à mon sens elles peuvent sin-
gulièrement relever le moral du soldat. Il est
vrai que maintenant il n'y a plus de moral ;
cela est remplacé par le caractère et encore...
Je me battis avec mon escadron à Sadowa où
après quinze heures de lutte et en chantant
victoire, je fus atteint par un obus, le dernier
peut-être de la journée. Il éclata sous mon
cheval, le tua et me blessa tout le long de la
cuisse à une raisonnable profondeur.

Après un mois d'hôpital je me trouvai
guéri. Je dis adieu à la gloire, déposai mon
sabre et obtins une place de professeur au
lycée de D... On m'avait vanté les eaux de
Spa pour mes blessures; j'y passai mes va-
cances et y rencontrai Mademoiselle Barbe
Marie Thérèse Sépulcre, de Stavelot. Malgré
ce nom lugubre, la jeune fille était char-
mante. Ses père et mère me prouvèrent qu'il
n'y avaient pas, comme on l'a prétendu, que
des tanneurs et des imbécilles dans la ville
de St. Remacle lequel est le patron de cette
localité. Je me mariai et retournai avec ma
femme à D... où nous vécûmes heureux et
contents. Mais le malheur arrive un jour,
Mademoiselle, vous verrez çà ; je perdis ma
Barbe bien aimée et me trouvai seul avec
mon fils Bastien. Ma femme était riche, j'hé-
ritai. Parmi ses biens se trouvait la ferme du
Trieu-Thomas, route de Francorchamps à
Spa. Je donnai ma démission et résolus de
vivre désormais au Trieu dont je fis agrandir
les bâtimens et c'est de là que je vous écris.

Et voilà, Mademoiselle, ce que je tenais à
vous dire.

Le Trieu-Thomas est dans une situation
admirable à 800 mètres au dessus du niveau
de la Salm. Je suis au sommet d'une inter-
minable colline d'où l'on perçoit Vieilsalm,
Grand-Halleux, Franière, Trois Ponts, Coo,
 
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