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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0025

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PLANCHE PREMIÈRE. 3

tion de symbolisme. Ces matières seront communément réservées toutes ensemble pour une revue
spéciale, que nous placerons à la suite du volume.

COMPARTIMENT INFÉRIEUR A GAUCHE. — ISAAC MARCHANT AU SACRIFICE.

3. Il suffira d'emprunter le récit de la Genèse (i) : «Dieu mit à l'épreuve la fidélité d'Abraham, et

lui dit : «____ Prends Isaac, ton fils unique, ton fils de prédilection, et va en la terre de la vision; là

« tu me l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai.

« Abraham donc, se levant avant le jour, prépara son âne; puis emmenant deux jeunes serviteurs
« et son fils Isaac, il coupa le bois pour l'holocauste, et se rendit vers le lieu qu'avait désigné le
« Seigneur.

« Et le troisième jour, comme il portait ses regards au loin, il aperçut l'endroit.

« Et il dit à ses serviteurs : Attendez ici avec l'âne. Moi et mon fils nous hâterons le pas pour nous
« rendre là; et après avoir adoré, nous reviendrons à vous.

«Alors, prenant le bois pour l'holocauste, il en chargea son fils Isaac; pour lui, il portait en ses
« mains le feu et le glaive. Or, tandis qu'ils marchaient ainsi tous deux, Isaac dit à son père : Mon
« père! Et celui-ci répondit : Eh bien, mon fils? Voici, dit Isaac, le feu et le bois; mais la victime,
« où est-elle?

«Abraham dit : Dieu se trouvera une victime pour l'holocauste, mon fils. Et cependant ils avançaient
« ensemble.»

On reconnaît aisément que les derniers traits de cette narration ont été choisis par le peintre verrier.
11 saisit l'instant où, quittant les serviteurs, et chargé lui-même du bois de l'holocauste, Isaac inter-
roge son père. Dans les émaux de Saint-Bertin, Isaac est seul; peut-être uniquement à cause du peu
d'espace, car le geste qu'il fait de la droite, ainsi que le mouvement de sa tête, permettent de croire
qu'on suppose Abraham présent, et que le choix du moment est le même. A moins qu'Isaac n'y soit
censé montrer le Crucifix, pour reporter l'esprit du spectateur à la réalité qui n'était que figurée
en lui. Ici, et à Chartres, le bois que porte Isaac forme une croix bien distincte. A Saint-Bertin, au
contraire, c'était un faisceau appuyé sans effort contre la poitrine, en même temps que sur l'épaule
gauche, et porté d'une seule main. L'absence de ce trait de symbolisme est d'autant plus remarquable,
que là, d'après l'inscription Ysaac ligna, c'était ce point qu'on paraissait vouloir mettre en évidence.

Dans les trois représentations Isaac semble à peine adolescent, contrairement à l'opinion qui pkee
ce fait vers la vingt-cinquième année (2) de sa vie, ou même plus tard encore.

Abraham, à Chartres comme ici, porte le glaive de la main droite, et le feu de la gauche. Du reste,
les attitudes des deux personnages sont presque exactement les mêmes dans l'une et l'autre verrière.
Mais à Chartres la flamme s'élève d'une espèce de patère, et ici elle paraît sortir d'une corne. Ce
motif a-t-il été suggéré par quelque usage du moyen âge, ou par une interprétation bizarre de l'ex-
pression de Plaute qui loge Vulcain dans une corne (3)? ou bien, sans tant de recherche, serait-ce pure-

(1) Gen. XXII, i — 8. « Tentavit Deus Abraham, et dixit ad
eum : Abraham! Abraham! At ille respondit : Adsum. Ait illi :
Toile filium tuum unigenitum quem diligis, Isaac, et vade in
terram visionis; atque ibi offeres eum in holocaustum super unum
montium quem monstravero tibi. Igitur Abraham de nocte consur-
gens , stravit asinum suum ; ducens secum duos juvenes, et Isaac
filium suum. Quumque concidisset ligna in holocaustum , abiit ad
locum quem prœceperat ei Deus. Die autem tertio, elevatis oculis,
vidit locum procul. Dixitque ad pueros suos : Expectate hic eum
asino ; ego et puer illuc usque properantes, postquam adoraveri-
mus revertemur ad vos. Tulit quoque ligna holocausti, et impo-
suit super Isaac filium suum ; ipse vero portabat in mauibus ignem
et gladium. Quumque duo pergerent simul, dixit Isaac patri suo :
Pater mi. At ille respoudit : Quid vis, fili ? Ecce, inquit, ignis
et ligna ; ubi est victima holocausti ? Dixit autem Abraham :
Deus providebit sibi victimam holocausti, fili mi. Pergebant ergo
pariter. »

(2) Josèphe (Antiquitat. Judaic, lib. I, cap. i3, ed. Oberthur,
t. I, p. 74) lui donne vingt-cinq ans , sans exprimer le moindre

doute. D'autres docteurs juifs prétendent qu'il ne dépassait pas
sa douzième année, ou tout au plus la quinzième, comme le
rapportent Denys le Chartreux, Pererius et Van den Steen. Mais
ce dernier a mal choisi son moyen de réfutation, quand il dit
qu'un jeune homme de quinze ans n'aurait pu transporter du-
rant trois jours tout le bois nécessaire à un semblable holocauste.
La plus légère attention au texte suffisait pour montrer qu'Isaae
eut à remplir cet office uniquement pendant une partie quelconque
du troisième jour.

La seule chose que nous prétendions dans cette polémique est de
faire observer que les monuments dont nous parlons se prononcent
pour l'enfance d'Isaac à cette époque. On voit que leurs auteurs
supposaient un tout autre calcul que ceux de Josèphe et des Tables
(Chronicon) d'Alexandrie. Cs. Chronicon paschale, Paris, 1688,
p. 54.—Simson, Chronicon catholicum, ed.Wesseling, Leyde, i 729,
p. 98.—Tornielli, Annales sacri, Lucques, 1756, t. I, p. 386.

(3) Plaut. Amphitruon. I, 1, v. 185.

« Quo ambulas tu qui Vulcanum in cornu conclusum geris ?»
 
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