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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0028

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6 VITRAUX DE BOURGES.

ne saurions dire s'il tient précisément une plume, ou quelque chose qui rappelle le bouquet d'hysope
dont parle Moïse. Du reste, les trois représentations s'accordent à placer dans la main gauche de l'écri-
vain un petit vase à peu près hémisphérique, tandis que le sang de l'agneau coule dans une coupe
placée à terre.

A GAUCHE DE LA SCÈNE PRÉCÉDENTE. — ÉLIE ET LA VEUVE DE SAREPTA (i).

6. «Le Seigneur se fit entendre à Élie, et lui dit : Quitte ce lieu, et va dans le pays de Sidon, à
« Sarepta. Tu t'y arrêteras, car là est une veuve que j'ai chargée de te nourrir.

« Il se mit en marche vers Sarepta. Et comme il allait entrer dans la ville, une veuve se trouva là
« qui ramassait du bois. Il l'appela et lui dit : Donnez-moi un peu d'eau dans un vase pour me désaltérer.

«Et pendant qu'elle allait en chercher, il lui cria en la rappelant : Apportez-moi aussi, je vous prie,
« une bouchée de pain dans votre main.

«Elle répondit : Votre Dieu m'est témoin que je n'ai point de pain; mais seulement dans un vase
« autant de farine que peut en contenir le creux de la main, et quelque peu d'huile dans une am-
« poule... Vous le voyez, je ramassais deux morceaux de bois, pensant, à mon retour, préparer à man-
« ger pour moi et mon fils, et puis mourir.

«Élie lui répondit : Soyez sans crainte, etc.»

Élie, facilement reconnaissable d'ailleurs, est encore distingué par l'inscription Magnus Elyas, qu'il
porte sur une banderole. Parallèlement au cordon qui circonscrit immédiatement le médaillon, la dé-
signation du trait biblique se complète à gauche par ces autres mots : Mulier legens ligna. De même
qu'Isaac portait le bois de l'holocauste en forme de croix, les deux morceaux de bois dont il est
question dans la réponse de la veuve, figurent également une croix sur les trois monuments que nous
comparons (2); mais le vitrage de Bourges est le seul où ce soit une croix à angles droits. Celui de
Chartres et l'émail de Saint-Bertin adoptent une croix où les deux parties se rencontrent et se coupent
obliquement en croix de Saint-André. Chartres adopte pour toute légende : Helias propheta— Duo ligna.
L'émail de Saint-Bertin, malgré la petitesse de l'espace, admet plus de paroles. C'est, à deux angles
opposés du parallélogramme qui renferme la scène : Helias — Duo ligna; puis, dans un cartouche
que tient le prophète : Affer. michi. bucellam. panis (3).

L'enfant de la veuve n'a trouvé place dans cette scène qu'à Bourges (4). Et c'est avec une singula-
rité qui montre de plus en plus combien notre artiste veillait à la valeur de ses moindres expressions,
en même temps qu'il embrassait dans sa fière composition un ensemble vaste et majestueux. Cet en-
fant, pour rappeler d'avance que le prophète lui donna plus tard une nouvelle vie (5), est représenté
avec deux têtes. En outre, sa robe est verticalement mi-partie de deux couleurs. Une de ces teintes

(1) III Reg. XVII, 8— 13. « Factus est ergo sermo Domini ad
eum [Eliarn), dicens : Surge et vade in.Sarephta Sidoniorum, et
manebis ibi ; praecepi enim ibi mulieri viduae ut pascat te. Sur-
rexit et abiit in Sarephta. Quumque venisset ad portam civitatis,
apparuit ei mulier vidua colligens ligna; et voeavit eam, dixitque
ei : Da raihi paululum aquœ in vase ut bibam. Quumque illa per-
geret ut afferret, clamavit post tergum ejus, dicens : Affer mihi,
obsecro, et buccellam panis in manu tua. Quae respondit : Vivit
Dominus Deus tuus, quia non habeo panem, nisi quantum pugillus
eapere potest farinae in hydria, et paululum olei in lecytho. En
colligo duo ligna , ut ingrediar et faciam illum mihi et filio meo,
ut comedamus et moriamur. Ad quam Elias dixit : Noli timere,
sed vade.... »

(1) On entrevoit sans peine dès maintenant, à ce trait de sym-
bolisme ainsi répété avec une sorte d'affectation, que la croix de
Jésus-Christ est le lien commun de ces divers tableaux. Je suis
bien aise que le lecteur me prévienne dans cette remarque ; et il
me permettra d'en prendre acte, pour autoriser plus tard à ses
yeux des interprétations qui ne seront ni plus ni moins étranges,
mais dont il pourrait être tenté de se défier.

Qu'il soit possible de qualifier d'une manière plus ou moins
désobligeante ou dédaigneuse cette façon d'interpréter la Bible,

c'est ce qui est clair. Que ce soit plausible, ceci pourrait être
l'objet d'une discussion. Mais évidemment il ne s'agit point ici
des lois absolues de l'exégèse biblique. Nous avons à expliquer
des monuments ecclésiastiques du moyen âge ; et c'est sans con-
tredit aux idées, aux doctrines d'alors, qu'il appartient de nous
en donner l'intelligence. L'appréciation de la marche qu'on y
suivait peut trouver place après le soin de découvrir cette marche
elle-même et de la constater. Mais c'est une question secondaire,
parle fait, et qui doit céder le pas à l'autre. Ceci suffit pour le
moment.

(3) Je ne transcris pas avec un soin diplomatique, nayant pas
eu l'original sous les yeux. J'ignore par conséquent si je pourrais
prendre à la lettre une lithographie exécutée elle-même d'après
un dessin , loin du monument original.

(4) Il va sans dire que mes expressions embrassent uniquement
les trois monuments dont je fais ici la revue comparative. Plus
d'étendue donnée à cet examen pourrait amener des observations
fort intéressantes ; mais j'en laisse l'honneur à d'autres , et me
contente d'avertir que je n'y prétends point.

(5) Son lit de mort et sa résurrection sont représentés, si je ne
me trompe, dans un des compartiments que nous aurons à dé-
crire bientôt.
 
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