58 DESCRIPTION
que Livie auroit place au théâtre parmi les Vestales ( ï ). On lit
dans Dion (2), que des jeunes-gens se présentérent nuds devant
elle, & qu’ils auroient payé de leur tête cette témérité si Livie
n’avoit obtenu leur grâce, en ajoutant, qu’aux yeux d’une femme
honnête , des hommes nuds relsembloient à des Statues. Un jour
Livie & Julie , qui assistoient à un spe&acle de Gladiateurs ,
fixèrent chacune l’attention des speâateurs par la différence de
leur cortège : Livie avoit à sa suite des hommes graves & res-
pe&ables par leur âge , tandis que Julie étoit entourée de la
plus brillante & la plus folâtre jeunesse. Auguste en écrivit à sa
fille pour lui représenter combien Livie observoit plus qu’elle les
bienséances ; Julie lui répondit avec finesse : ces jeunes gens
vieilliront aujji avec moi ( 3 ). Mais û les mœurs de l’épouse
d’Auguste furent plus irréprochables que celles de la fille de cet
Empereur , c’est que la passion de l’une étoit bien différente de
celle de l’autreo
Livie , une fois placée sur le trône à côté du Maître du
monde , chercha à faire regner Auguste avec éclat : il profita
plus d’une fois de la sagesse de ses conseils, c’est même à elle
qu’il dut la gloire d’avoir pardonné à Cinna. Bientôt après, les
germes de l’ambition de cette Princesse se développèrent : uni-
quement occupée de l’élévation de Tibère, elle commit froidement
tous les crimes qu’elle crut nécessaires pour le faire régner ; elle
extermina la famille d’Auguste & fit périr Auguste lui-même.
Cette femme artificieuse avoit pris sur l’esprit de son époux lé
plus grand ascendant, parce qu’elle prévenoit tous ses désirs, qu’elle
(1) Tacit. Annal. Lib. IV. 16.
(2) Lib. XLIX.
(3) Ave/terant in se populum in speflaculo Gladiatorum Livia & Julia, comi-
tatûs dissïmilitudine 5 quippe cingentibus Liviam gravibus viris, ha?c juventutis &
quidem luxuriosæ grege circumfîdebatur. Admonuit pater scripto, videret quantum
inter duas principes fæminas interesset 5 eleganter ilia rescripfît : & hi mecum fenes
sient.
Macrob. Saturnal. Lib. II. cap. j1 2 3.
que Livie auroit place au théâtre parmi les Vestales ( ï ). On lit
dans Dion (2), que des jeunes-gens se présentérent nuds devant
elle, & qu’ils auroient payé de leur tête cette témérité si Livie
n’avoit obtenu leur grâce, en ajoutant, qu’aux yeux d’une femme
honnête , des hommes nuds relsembloient à des Statues. Un jour
Livie & Julie , qui assistoient à un spe&acle de Gladiateurs ,
fixèrent chacune l’attention des speâateurs par la différence de
leur cortège : Livie avoit à sa suite des hommes graves & res-
pe&ables par leur âge , tandis que Julie étoit entourée de la
plus brillante & la plus folâtre jeunesse. Auguste en écrivit à sa
fille pour lui représenter combien Livie observoit plus qu’elle les
bienséances ; Julie lui répondit avec finesse : ces jeunes gens
vieilliront aujji avec moi ( 3 ). Mais û les mœurs de l’épouse
d’Auguste furent plus irréprochables que celles de la fille de cet
Empereur , c’est que la passion de l’une étoit bien différente de
celle de l’autreo
Livie , une fois placée sur le trône à côté du Maître du
monde , chercha à faire regner Auguste avec éclat : il profita
plus d’une fois de la sagesse de ses conseils, c’est même à elle
qu’il dut la gloire d’avoir pardonné à Cinna. Bientôt après, les
germes de l’ambition de cette Princesse se développèrent : uni-
quement occupée de l’élévation de Tibère, elle commit froidement
tous les crimes qu’elle crut nécessaires pour le faire régner ; elle
extermina la famille d’Auguste & fit périr Auguste lui-même.
Cette femme artificieuse avoit pris sur l’esprit de son époux lé
plus grand ascendant, parce qu’elle prévenoit tous ses désirs, qu’elle
(1) Tacit. Annal. Lib. IV. 16.
(2) Lib. XLIX.
(3) Ave/terant in se populum in speflaculo Gladiatorum Livia & Julia, comi-
tatûs dissïmilitudine 5 quippe cingentibus Liviam gravibus viris, ha?c juventutis &
quidem luxuriosæ grege circumfîdebatur. Admonuit pater scripto, videret quantum
inter duas principes fæminas interesset 5 eleganter ilia rescripfît : & hi mecum fenes
sient.
Macrob. Saturnal. Lib. II. cap. j1 2 3.