DES PIERRES GRAVÉES.
41
CORNÉLIE» Agate-Onyx,
Les premières Statues furent érigées aux Dieux : on ac-
corda dans la suite le même honneur aux Grands-Hommes; cet
usage dut son origine aux Jeux sacrés , & sur-tout à ceux d’O-«
lympie où le marbre & le bronze furent employés à consacrer
la mémoire des Vainqueurs & à faire passer leurs traits à la pos-
térité(i). Mais ce moyen d’honorer le génie & de récompenser
la vertu, l’adulation le corrompit & le prostitua. On vit les Pro-
vinces de l’Empire élever des fiatues à des Femmes Romai-
nes , & cet abus excita l’indignation de Caton qui la fit éclater
avec sa véhémence ordinaire.
Il efi vrai qu’un tel honneur sembloit peu fait pour les fem-
mes , dans un gouvernement où, condamnées aux seules vertus
privées 8c domestiques , elles étoient exclues de toutes les
grandes places. Cependant, malgré les âpres déclamations du
sévère Censeur , cet usage s’établit ; Cornélie eut une flatue
dans le sein même de Rome (2), & c’étoit sur-tout en faveur
de cette femme célébré qu’il eût fallu déroger à la loi ou à la
coutume qui pnvoit le sexe d’un si noble hommage. Fille de Sci-
pion & mère des Gracques, mais plus fière d’avoir donné le jour
aux Gracques, que de l’avoir reçu de Scipion, elle réunit toutes
(1) Effigies hominum non solebant exprimi, nisi aliquâ illustri causa perpetuita-
tem merentium , primo sacrorum certaminum viâoriâ , maximèque Olympiæ ; ubj
omnium qui vicîssent statuas dicari mos erat.
Plin. Lib. XXXIV. cap. 4,
(2) Extant Catonis in censura vociferationes , mulieribus Romanis in Provinciis
statuas poni. Nec tamen potuit inhibere, qub minus Romæ quoque ponerentur, si-
cuti Corneliæ Gracchorum matri, quæ fuit Africani prioris filia. Sedens huic pofîta,
soleisque sine amento infîgnis.
Plin. Lib. XXXIV. cap. 6.
Tome IL
L
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CORNÉLIE» Agate-Onyx,
Les premières Statues furent érigées aux Dieux : on ac-
corda dans la suite le même honneur aux Grands-Hommes; cet
usage dut son origine aux Jeux sacrés , & sur-tout à ceux d’O-«
lympie où le marbre & le bronze furent employés à consacrer
la mémoire des Vainqueurs & à faire passer leurs traits à la pos-
térité(i). Mais ce moyen d’honorer le génie & de récompenser
la vertu, l’adulation le corrompit & le prostitua. On vit les Pro-
vinces de l’Empire élever des fiatues à des Femmes Romai-
nes , & cet abus excita l’indignation de Caton qui la fit éclater
avec sa véhémence ordinaire.
Il efi vrai qu’un tel honneur sembloit peu fait pour les fem-
mes , dans un gouvernement où, condamnées aux seules vertus
privées 8c domestiques , elles étoient exclues de toutes les
grandes places. Cependant, malgré les âpres déclamations du
sévère Censeur , cet usage s’établit ; Cornélie eut une flatue
dans le sein même de Rome (2), & c’étoit sur-tout en faveur
de cette femme célébré qu’il eût fallu déroger à la loi ou à la
coutume qui pnvoit le sexe d’un si noble hommage. Fille de Sci-
pion & mère des Gracques, mais plus fière d’avoir donné le jour
aux Gracques, que de l’avoir reçu de Scipion, elle réunit toutes
(1) Effigies hominum non solebant exprimi, nisi aliquâ illustri causa perpetuita-
tem merentium , primo sacrorum certaminum viâoriâ , maximèque Olympiæ ; ubj
omnium qui vicîssent statuas dicari mos erat.
Plin. Lib. XXXIV. cap. 4,
(2) Extant Catonis in censura vociferationes , mulieribus Romanis in Provinciis
statuas poni. Nec tamen potuit inhibere, qub minus Romæ quoque ponerentur, si-
cuti Corneliæ Gracchorum matri, quæ fuit Africani prioris filia. Sedens huic pofîta,
soleisque sine amento infîgnis.
Plin. Lib. XXXIV. cap. 6.
Tome IL
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