DES PIERRES GRAVÉES.
119
—■ Mwiiwimmis"—■■■ ■ »
LUCIUS V E R U S. Cornaline.
L’Empereur Vérus, représenté sur cette Cornaline , ne
dut son élévation qu’à la générosité de Marc-Aurele. Celui-ci
appellé seul à l’Empire par le Sénat , après la mort d’Anto-
nin , pouvoir sans injuflice se réserver un trône , sur lequel
Commodus (c’esi ainsi qu’on nommoit alors Vérus) ne sembloit
avoir aucun droit, & ne songeoit à en reclamer aucun. Mais le
plus généreux des hommes ne balança pas de donner à l’Uni-
vers, dans cette circonssance délicate , l’exemple unique d’un
Prince , qui de lui-même se porte à partager l’autorité souve-
raine. Antonin avoit honoré Commodus de son adoption ; c’en
fut assez pour que Marc-Aurele crût devoir à la mémoire d’un
père chéri de communiquer à son frère adoptif & l’autorité
impériale & tous les titres attachés à cette dignité (1).
Les deux Augufles gouvernèrent l’Empire en commun , sans
en partager les provinces ; l’union la plus parfaite parut tou-
jours regner entr’eux , & cette union fut d’autant plus avanta-
geuse à l’Etat , que le caraâère de Vérus étoit peu propre à
contribuer au bonheur public , si ce Prince eût été abandonné
à lui-même ou à ses favoris.
Audi frivole que paresseux , Vérus étoit incapable de tenir
avec succès les rênes du Gouvernement. Son goût excessif pour
les speélacles , èc en particulier pour les combats de gladiateurs 5
dont il aimoit à repaître ses yeux même au milieu de ses re-
pas , son amour désordonné pour les plaisirs de la table & pour
la débauche , sa passion sans bornes pour la chasse & pour tous
les exercices de la jeunesse , enfin son extravagante prodigalité
n’auroient pu que replonger l’Empire dans tous les maux dont
(1) Capitol, in Vero. Cap. 3.
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LUCIUS V E R U S. Cornaline.
L’Empereur Vérus, représenté sur cette Cornaline , ne
dut son élévation qu’à la générosité de Marc-Aurele. Celui-ci
appellé seul à l’Empire par le Sénat , après la mort d’Anto-
nin , pouvoir sans injuflice se réserver un trône , sur lequel
Commodus (c’esi ainsi qu’on nommoit alors Vérus) ne sembloit
avoir aucun droit, & ne songeoit à en reclamer aucun. Mais le
plus généreux des hommes ne balança pas de donner à l’Uni-
vers, dans cette circonssance délicate , l’exemple unique d’un
Prince , qui de lui-même se porte à partager l’autorité souve-
raine. Antonin avoit honoré Commodus de son adoption ; c’en
fut assez pour que Marc-Aurele crût devoir à la mémoire d’un
père chéri de communiquer à son frère adoptif & l’autorité
impériale & tous les titres attachés à cette dignité (1).
Les deux Augufles gouvernèrent l’Empire en commun , sans
en partager les provinces ; l’union la plus parfaite parut tou-
jours regner entr’eux , & cette union fut d’autant plus avanta-
geuse à l’Etat , que le caraâère de Vérus étoit peu propre à
contribuer au bonheur public , si ce Prince eût été abandonné
à lui-même ou à ses favoris.
Audi frivole que paresseux , Vérus étoit incapable de tenir
avec succès les rênes du Gouvernement. Son goût excessif pour
les speélacles , èc en particulier pour les combats de gladiateurs 5
dont il aimoit à repaître ses yeux même au milieu de ses re-
pas , son amour désordonné pour les plaisirs de la table & pour
la débauche , sa passion sans bornes pour la chasse & pour tous
les exercices de la jeunesse , enfin son extravagante prodigalité
n’auroient pu que replonger l’Empire dans tous les maux dont
(1) Capitol, in Vero. Cap. 3.