DES PIERRES GRAVÉES.
ioi
P L O T I N E. Cornaline.
Les PORTRAITS de l’impératrice Plotine sont assez rares;
c’ell ce qui nous a engagés à publier celui - ci ; il est sur-tout
remarquable par la singularité de la coiffure, qui diffère de celle
qu’on voit ordinairement sur les médailles de cette Princesse :
les cheveux en sont traités avec beaucoup de finesse ; du resse la
gravure de la Cornaline efl aussi précieuse qu’on puisse l’attendre
d’un siècle où la décadence des Arts étoit si sensible.
La beauté, qualité si désirable pour une femme, même pour
une Impératrice , ne fut point le partage de la femme de Tra-
jan ; elle avoit dans son air & dans sa phylionomie plus de
décence & de gravité que de régularité & d’agrément, mais l’éclat
qu’elle emprunta de ses vertus répara abondamment ce défaut. Ja-
mais on ne vit s’asseoir sur le trône des Césars une femme si modesse,
li sage, si prudente. L’Hifloire ne nous a conservé d’elle qu’un seul
mot, & ce mot vaut un éloge. Comme elle faisoit pour la
première fois son entrée dans le Palais Impérial , elle se re-
tourna vers le peuple qui la suivoit, & lui adressant la parole;
je déjire , dit-elle , fortir de ce Palais telle que fy entre (i ). Ce
vœu d’un cœur pur & vertueux étoit comme la prédiâion de ce
qui devoit arriver ; car, pendant tout le temps qu’elle régna, sa
conduite fut absolument irréprochable ( 2 ). Si elle se permit
de porter ses regards sur l’administration de l’Empire, ce ne fut
point par un motif de curiosité ou d’ambition , mais seulement
pour aider son époux de ses conseils , & elle n’employa jamais
(1) Xiphilin. in Trajan.
(2) Dio.
Toma IL
Bb
ioi
P L O T I N E. Cornaline.
Les PORTRAITS de l’impératrice Plotine sont assez rares;
c’ell ce qui nous a engagés à publier celui - ci ; il est sur-tout
remarquable par la singularité de la coiffure, qui diffère de celle
qu’on voit ordinairement sur les médailles de cette Princesse :
les cheveux en sont traités avec beaucoup de finesse ; du resse la
gravure de la Cornaline efl aussi précieuse qu’on puisse l’attendre
d’un siècle où la décadence des Arts étoit si sensible.
La beauté, qualité si désirable pour une femme, même pour
une Impératrice , ne fut point le partage de la femme de Tra-
jan ; elle avoit dans son air & dans sa phylionomie plus de
décence & de gravité que de régularité & d’agrément, mais l’éclat
qu’elle emprunta de ses vertus répara abondamment ce défaut. Ja-
mais on ne vit s’asseoir sur le trône des Césars une femme si modesse,
li sage, si prudente. L’Hifloire ne nous a conservé d’elle qu’un seul
mot, & ce mot vaut un éloge. Comme elle faisoit pour la
première fois son entrée dans le Palais Impérial , elle se re-
tourna vers le peuple qui la suivoit, & lui adressant la parole;
je déjire , dit-elle , fortir de ce Palais telle que fy entre (i ). Ce
vœu d’un cœur pur & vertueux étoit comme la prédiâion de ce
qui devoit arriver ; car, pendant tout le temps qu’elle régna, sa
conduite fut absolument irréprochable ( 2 ). Si elle se permit
de porter ses regards sur l’administration de l’Empire, ce ne fut
point par un motif de curiosité ou d’ambition , mais seulement
pour aider son époux de ses conseils , & elle n’employa jamais
(1) Xiphilin. in Trajan.
(2) Dio.
Toma IL
Bb