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Revue égyptologique — 3.1883

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Nr. 2
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Revillout, Victor; Revillout, Eugène: Seconde lettre de M. Revillout à M. Lenormant de l'Institut sur les monnaies égyptiennes
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https://doi.org/10.11588/diglit.10047#0122

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Eugène et Victor Revillout.

de 24 pour 2/l0 un argenteus de cuivre, au moins depuis Fan 5. (Nous verrons à propos de
la troisième période que cette dernière désignation est devenue universelle et constante à partir
de ce moment.)

De tout cela il est aisé de conclure que : 1° sous Philopator on avait déjà établi l'iso-
nomie complète des monnaies de cuivre et d'argent et fondu nombre d'argenteus, etc. en cuivre.
S'il y en avait avant ce prince, on les calculait comme fractions de la drachme, oboles etc., mais
il n'existait pas de drachmes, d'argenteus, de sékels 1 d'airain : pas d'isonomie entre les monnaies
du même poids d'argent et de cuivre. Cet ingénieux système, basé sur la proportion pré-
existante de 1 à 120 et l'assimilation secondaire de nom des mêmes unités pondérales mo-
nétaires ne paraît remonter qu'à Philopator. Il est même douteux qu'à l'ancienne époque ou
ait eu des monnaies de cuivre atteignant l'obole d'argent, puisque, dans les papyrus grecs
contemporains de l'étalon d'argent, le chalque porte, le premier, le nom du métal de cuivre,
comme chez les Athéniens. Mais il était plus rare comme monnaie que le double chalque,
(tétartémorion) véritable unité monétaire — sans cesse mentionnée dans nos comptes, —
comparable au sou et qui représentait comme valeur le 24e de la drachme et comme poids
5 drachmes, avec la proportion légale de 1 à 120 entre les deux métaux. C'est de cette pro-
portion qu'on partit sous Philopator pour le nouveau système d'isonomie, permettant de rem-
placer toujours l'argent par du cuivre. Cette révolution monétaire s'explique facilement, quand
on se rappelle les dépenses folles et l'appauvrissement de l'Egypte qui avait dû résulter tant
des frais de la guerre avec Antiochus le grand, etc., que des prodigalités de cette cour dépravée.
Il est très probable que le crédit du roi avait sensiblement diminué. Philopator, pour trouver
de l'argent, avait dû recourir à des expédients financiers et il n'avait rien vu de mieux que
de faire frapper une grande quantité de monnaies de cuivre, dont il établit le cours forcé,
même lorsqu'il s'agissait de grosses sommes, avec la proportion de 1 à 120 avec la monnaie
d'argent. C'est sans doute en vertu d'un rpoaTay^a de ce prince que l'on put toujours payer
en cuivre une dette contractée en argent. De là la mention obligatoire dans les prêts de la
monnaie à l'équivalence de 24 pour 2/10 dont on pouvait se servir à l'échéance2 à la place
de la monnaie d'argent. L'argent dut à ce moment disparaître vite de la circulation. A l'étranger
i où Philopator allait recruter ses troupes) on ne recevait bien que l'argent d'Egypte, fort peu
son cuivre et, d'une autre part, en Egypte, on était obligé de se contenter de papier — je
veux dire de monnaies de cuivre. Le vide se fit donc vite et les rois eux-mêmes en subirent
dans la suite les conséquences. Ils ne trouvèrent plus d'argent pour négocier à l'étranger et
durent en arriver à exiger de la population pour certains impôts et certaines amendes un
argent alors introuvable sur le marché. Il est très probable que les mesures vexatoires qui
résultaient en définitive de cette réforme financière, durent au plus haut degré mécontenter
les Egyptiens et causer la révolte générale qui éclata à la mort même de Philopator.

2° Sous Epiphane l'état des choses s'empira encore3 dans les provinces qui lui étaient

1 Le sekel de cuivre (de 14 à 15 gr.) est beaucoup plus rare que l'argenteus-obole. Il m'appartenait
saus doute pas à l'ancien monnayage. Il aura été inauguré par Philopator et continué par ses successeurs.
Mais il resta toujours une des unités de compte égyptiennes.

2 Notons que dans Démosthènes (Apollodore contre Tïmothée) il est question d'un dépôt de cuivre
mis en gage pour assurer une dette en argent.

3 Ces données sont conformes à celles des historiens. Selon Polybe (V, 83, 1), Philopator promit aux
 
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