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Revue égyptologique — 3.1883

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Nr. 2
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Revillout, Eugène: La vie d'artiste ou de bohème en Égypte: (fragment d'un poème satyrique en vers démotiques de l'époque romaine); (lecture faite à l'académie des inscriptions en août 1883)
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https://doi.org/10.11588/diglit.10047#0128

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Eugène Revillout et Krall. La vie d'artiste, etc.

retrouvé des passages extraits mot pour mot du papyrus Prisse. Je ne saurais vérifier le fait;
car pendant ma mission de Vienne il ne m'a pas été permis de copier ce précieux document.
M. Krall ne m'a envoyé que les 5 colonnes du verso. Les passages dont m'a parlé M. Brtjgsch
doivent se trouver sans doute sur le reste. Quant au portrait du musicien, sa rédaction ap-
partient certainement au courant littéraire de la fin des Ptolémées ou du commencement de
l'époque romaine. C'est à cette époque que nous trouvons des vers proprement dits; coupés,
scandés, mis à la ligne. Le hiératisme a alors complètement disparu : le style prend un tour
vif, tout-à-fait occidental, et les classiques grecs font sentir leur influence aux Egyptiens eux-
mêmes par l'intermédiaire de la puissante école d'Alexandrie. Cela n'a rien qui doive nous
étonner, puisque l'un des papyrus grecs du*T3ritish Muséum nous a fait connaître l'existence
d'un enseignement littéraire et linguistique qui mettait en rapport les deux nationalités. Nous
pouvons constater ce que cet enseignement avait de fin et de recherché dans les poésies bi-
lingues démotiques et grecques de Moschion récemment publiées dans la Revue égyptologique
et qu'il sera intéressant de comparer pour le rhythme à celle du papyrus de Vienne. Moschion
était sans doute quelque privât docent de l'époque. M. Weil, si expert dans la versification
grecque, a constaté ses connaissances sérieuses sous ce rapport, comme nous avons pu admirer
nous même l'art remarquable de sa composition démotique.

Ces influences littéraires étrangères unies aux qualités propres à l'Egyptien se remarquent
aisément dans le livre, à peu près contemporain, du chacal koufi et de la chatte éthiopienne.
Evidemment l'auteur de cette composition philosophique si remarquable connaissait très bien
l'œuvre de la plupart des plus illustres sages de la Grèce, et même de l'Inde — pays
qui était alors eu rapports constants avec l'Egypte et que cite souvent Origène et les autres
chefs de l'école païenne ou chrétienne d'Alexandrie. De même que c'est à l'imitation grecque
qu'il fout rattacher les poésies telles que celles que nous trouvons dans la bilingue de Moschion
et dans le papyrus de Vienne, de même c'est à l'imitation indienne qu'il faut attribuer, par
exemple, le plan même de cet ouvrage dans lequel on voit discuter deux animaux — une
chatte et un chacal — remplaçant alors les interlocateurs de Platon et soutenant, chacun,
des idées et de principes tout différents. Au milieu de leurs controverses se trouvent racontées
— par eux mêmes, comme arguments — des apologues dont l'origine étrangère n'est pas
moins évidente. Je citerai, par exemple, celui du lion et de la souris, que M. Brugsch a traduit
et qui a le même sujet que la fable Esopique. On nous permettra même de dire que la version
grecque est certainement inférieure à la version égyptienne. Peut-être celle-ci a-t-elle imité
directement l'original indien; car c'est de l'Inde, on le sait, que semblent venir la plupart
des fables qui se sont répandues de là dans le monde entier.

Telle ne peut être l'origine d'un autre apologue que cite le chacal pour prouver sa

thèse si darwinienne et que j'ai déjà fait connaître dans la Revue égyptologique; car c'est alors

aux idées chrétiennes que s'attaque directement notre esprit fort1 . . . . Combien on sent que

l'Egypte était alors le théâtre de toutes les doctrines s'entrechoquant les unes les autres!

Aussi notre chacal a-t-il soin de dire ailleurs plaisamment que les dieux des pays étrangers

s'ennuyaient d'être en Egypte et aspiraient ardemment à retourner chez eux.

1 Je ne reproduirai pas ici la fable du lion et des chacals que j'ai lue à l'Académie et que nos
lecteurs trouveront dans le n° ii-iii de la précédente année de la Revue.

L'Éditeur Ernest Leroux, Propriétaire-Gérant.
 
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