ARTISTES CONTEMPORAINS
HERMANN URBAN
e peintre américain Hermann Urban, né
en 1866 à la Nouvelle-Orléans, d’un
père munichois et d’une mère fran-
çaise créole, vient de recevoir la natu-
ralisation bavaroise. Cet artiste élevé
en Allemagne n’a guère peint que
l’Italie, mais en Allemagne sur docu-
mentation italienne : M. Urban voyage
en moyenne trois mois par an en Italie,
y recueille des impressions manu-
scrites et des études, des photographies
et des dessins. Doué d’une mémoire prodigieuse, il rentre alors à
son atelier, doublé d’un laboratoire chimique, de la Katzmeierstrasse,
dans la banlieue au delà du ring de la Bavaria, et là, dans le
silence et la solitude, le grand œuvre commence. Sauf tisser la
toile et raboter les lattes du châssis, l’artiste fait tout lui-même,
l’ajustage de la toile brute au châssis, la préparation de cette toile,
ses couleurs et ses essences. 11 ne peint plus que a tempera ou
à Pencaustique. Ayant ses souvenirs d’une indéfectible précision,
ses notes, son croquis et sa photographie, les dimensions et la
technique de l’œuvre lui apparaissent sous l’angle d’une sorte
d’impérieuse nécessité; la réalisation du tableau n’est plus qu’une
expérience de couleurs, une réussite chimique. Et ces tableaux,
cependant, ne ressembleront à rien moins qu’à une manipulation
chimique mal dématérialisée. C’est que, chez M. Hermann Urban,
le chimiste se double d’un grand poète synthétique opérant par des
moyens de peintre. L’école allemande moderne n’a pas d’ouvrier de
HERMANN URBAN
e peintre américain Hermann Urban, né
en 1866 à la Nouvelle-Orléans, d’un
père munichois et d’une mère fran-
çaise créole, vient de recevoir la natu-
ralisation bavaroise. Cet artiste élevé
en Allemagne n’a guère peint que
l’Italie, mais en Allemagne sur docu-
mentation italienne : M. Urban voyage
en moyenne trois mois par an en Italie,
y recueille des impressions manu-
scrites et des études, des photographies
et des dessins. Doué d’une mémoire prodigieuse, il rentre alors à
son atelier, doublé d’un laboratoire chimique, de la Katzmeierstrasse,
dans la banlieue au delà du ring de la Bavaria, et là, dans le
silence et la solitude, le grand œuvre commence. Sauf tisser la
toile et raboter les lattes du châssis, l’artiste fait tout lui-même,
l’ajustage de la toile brute au châssis, la préparation de cette toile,
ses couleurs et ses essences. 11 ne peint plus que a tempera ou
à Pencaustique. Ayant ses souvenirs d’une indéfectible précision,
ses notes, son croquis et sa photographie, les dimensions et la
technique de l’œuvre lui apparaissent sous l’angle d’une sorte
d’impérieuse nécessité; la réalisation du tableau n’est plus qu’une
expérience de couleurs, une réussite chimique. Et ces tableaux,
cependant, ne ressembleront à rien moins qu’à une manipulation
chimique mal dématérialisée. C’est que, chez M. Hermann Urban,
le chimiste se double d’un grand poète synthétique opérant par des
moyens de peintre. L’école allemande moderne n’a pas d’ouvrier de