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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 2)

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Gruyer, Gustave: Les dessins de Fra Bartolommeo
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https://doi.org/10.11588/diglit.19706#0078

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LES DESSINS DE FRA BARTOLOMMEO

Dans l'histoire de la peinture italienne, Fra Barto-
lommeo occupe une place éminente, sans être cependant
au premier rang. Né à une époque où l'art allait bientôt
atteindre presque à la perfection, il montra des qualités
nouvelles qui excitèrent aussitôt l'admiration de ses con-
temporains. Nul avant lui n'avait donné aux draperies
autant de simplicité, de naturel et de noblesse. Aucun
artiste n'avait encore su communiquer à ses personnages
une sérénité aussi grandiose, équilibrer ses groupes avec
une pareille harmonie, unir une science aussi profonde'
à une simplicité si séduisante. Epris tour à tour du clair-

ajouta au style qui lui était propre quelque chose des
qualités particulières à ces divers peintres, et, « en com-
binant les ressources d'un génie de second ordre avec les
inspirations d'une belle âme, il parvint à conquérir une
place à côté des plus grands peintres de son siècle1 ».
Malheureusement, après son voyage à Rome, il se souvint
trop de Michel-Ange et voulut agrandir sa manière; mais
il ne s'entêta pas dans cette prétention. En général, il
s'abstient de reproduire les émotions poignantes. Il se
plaît, au contraire, à exprimer les sentiments des âmes
recueillies ou plongées dans l'extase. « Une grâce sérieuse,

obscur de Léonard de Vinci, de la grâce incomparable parce qu'elle est faite de pensée 2 », brille sur ses figures
de Raphaël, du chaud coloris des maîtres vénitiens, il I qui, « par surcroît de bonheur, semblent dorées quelque-

Saint Jean dans le désert.
Dessin à la plume par Fra Bartolommao. — (Collection de M. Léon Bonnat.)

fois d'un rayon tombé du ciel de Venise 1 ». Ce qui donne
aussi un charme singulier à un grand nombre de ses
tableaux, ce sont les petits anges aux ailes diaprées qu'il
y représente tantôt volant avec une admirable légèreté,
tantôt tranquillement assis, jouant de la mandoline ou
chantant. Quelle justesse dans les proportions, quelle
puissance dans le modelé, quelle légèreté dans les formes,
quelle aisance dans les mouvements, quelle fraîcheur dans
les carnations, quelle candeur exquise répandue sur les
visages ! On pourrait citer quelques-uns des Enfants Jésus
du Frate qui ne seraient pas indignes de figurer à côté de
ceux qu'a créés Raphaël.

Si l'on se bornait à regarder les peintures de Baccio
délia Porta, on ne connaîtrait qu'imparfaitement ce grand

i. P. Mantz, article sur Fra Bartolommeo dans l'Histoire des
peintres, de Charles Blanc.

I artiste; pour apprécier tout son mérite, il convient d'exa-
miner également ses nombreux dessins. Ils montrent avec
quelle facilité, quelle science et quel entrain sa plume
ou son crayon traçait sur le papier les sujets conçus par
sa pensée, avec quelle conscience il étudiait ensuite chaque
figure, la recommençant plusieurs fois afin de la perfec-
tionner, traitant à part, ici une tête, là un bras, une main
ou un pied, jusqu'à ce qu'il fût satisfait de son œuvre.
En feuilletant ces croquis, on reconnaît les diverses étapes
que son talent a parcourues. Dans les uns, les tètes
elliptiques et les longs cous rappellent les formes fami-
lières à Cosimo Rosselli, premier maître de Fra Barto-
lommeo. Dans quelques autres, apparaissent certaines

i. Rio, De l'Art chrétien, t. 11, p. 536.

■i. P. Mantz, article sur Fra Bartolommeo dans l'Histoire des
peintres, de Charles Blanc.
 
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