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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0194

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168

L’ART.

répondre bien vite par la seule considération de l’œuvre
de Hugo. En dehors de très rares passages d’un style à
dater un peu, ou d’une nature peut-être trop conforme
au goût d’alors pour se comprendre sans le truchement
contemporain, l’immense ensemble lyrique de Victor
Hugo échappe au temps, à l’espace, et rentre dans la
beauté universelle. Ses interprètes du crayon et du pinceau
sont donc justiciables de toutes les générations de curieux,
et il n’est nul besoin d’avoir vécu tout le long du roman-
tisme pour décider du plus ou moins de valeur absolue
d’une illustration de l’époque. C’est là l’un des mystères I

du goût individuel, ce libre et juste jugement inné en cha-
cun de nous et capable, même chez les natures plutôt pri-
mitives, de voir l’accord ou le désaccord d’une image avec
un texte.

Gigoux. — Les visiteurs du Salon de 1887 se rappellent
certainement un délicieux portrait, aujourd’hui au Luxem-
bourg, un portrait de jeune hile blonde, accoudée et regar-
dant de face avec le bel air d’innocence et de distinction
d’une demoiselle bien née. Ce cadre avait la fraîcheur
j d’un matin d’amoureux. A l'angle de la salle où son sourire

Le Drapeau dij 17e léger (i3 septembre 1841).
Lithographie de Raffet

rayonnait, on se sentait attiré, puis retenu, par le double
charme de la personne et de l’exécution. La peinture dé-
notait un physionomiste supérieur, familiarisé dès long-
temps avec l’art des portraits, malgré le caractère de sa
facture bien moderniste et bien exclusivement d’un jeune,
semblait-il. Les franchises du plein air et les nuances étu-
diées du japonisme d'aujourd’hui s’y montraient avec un
goût et en même temps avec une insistance à ne laisser
aucun doute sur le parti pris de sain naturalisme de l’au-
teur. Un artiste « fin de siècle » pouvait seul avoir réussi
dans une pareille note, et ce jeune-là semblait fort au-
dessus de ses contemporains, car il réunissait la solidité
de l’imperturbable dessin d’autrefois aux raffinements

lumineux du coloris actuel. L’œuvre était signée Gigoux.
L’histoire des vignettes romantiques et les livrets des
vieux Salons, de i83o à i8q5, avaient bien appris au
public le nom d’un Jean Gigoux, fort ingénieux illustra-
teur de littérature, mais pouvait-il s’agir de cette ancienne
renommée disparue, et, même à croire aux revenants,
s’imagine-t-on la vraisemblance de résurrections aussi
complètement neuves? Et pourtant, c'était bien le Jean
Gigoux du Gil Blas, de l’éditeur Dubochet, l’émule des
Johannot et des Devéria, le peintre de la Mort de Léo-
nard de Vinci, ce tableau justement admiré à l’Exposition
Centennale ! Par un phénomène trop rare, la santé d’esprit
de M. Gigoux ne cessa jamais un instant de participer à
 
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