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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0196

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L’ART.

170

plus intelligemment naïf du bibliophile de 1835 goûtant
Gigoux, qualités et défauts, ou bien de l’amateur de 1889
collectionnant, avec rage, des eaux-fortes avant la lettre,
sans vouloir même se douter du peu d’innocence de ses
éditeurs favoris, et à mille lieues de savoir la règle pour-
tant assez invariable des tirages malhonnêtes : cent qua-
rante épreuves avant la lettre contre dix avec la lettre,
telle est la proportion courante -adoptée pour le service
des dupes. M. Béraldi détaille l’œuvre de Gigoux à 193 nu-
méros, vignettes et lithographies comprises. La part litho-
graphique prime de beaucoup le reste comme qualité; il y
a principalement une longue série de portraits sur pierre,

de la plus ferme distinction, portraits d’artistes : les deux
Johannot, Delacroix, David d’Angers, Préault, Sigalon,
Percier, Barye, Gérard; portraits d’écrivains : Nodier,
de Vigny, Arsène Houssaye ; portraits de filles de théâtre :
Dorval, Fanny Kemble, la Taglioni ; puis, aux antipodes,
le prince Jules de Polignac, Caroline Murat, le tout jeune
duc de Bordeaux et quantité d’hommes et de femmes du
monde, sans compter les douzaines de Polonais de Varso-
vie alors de mode. Nombre de ces figures avaient eu l’Ar-
tiste,, de Ricourt, pour premier destinataire. Dans les
Mémoires de Gigoux, parus d’hier avec le titre de Cause-
ries sur les artistes de mon temps, mémoires bizarres et

Julie tte .
Par Grevedon.

confus, mais intéressants sinon toujours exacts, l’auteur
ne peut s’empêcher d’une exclamation, au moins touchante
sous sa plume : « Comment n’a t-on pas encore établi au
Louvre une salle des chefs-d’œuvre de la lithographie?
Les lithographies de Gharlet, de Raffet, celles de Français
d’après Rousseau, par exemple, ont dépassé les eaux-fortes
de Ruysdael et des anciens, j’ose le dire. Certes, il est
impossible que ce bel art se perde entièrement, il est trop

important pour les peintres. » Le Louvre n’a pas tous

les bonheurs, et, par une de ces contradictions fort risibles •
dans un palais de plus en plus envahi de tessons et de culs
d’assiettes anciens et modernes, jamais il ne paraît être
venu à personne l’idée d’une galerie d’estampes ouverte
aux maîtres historiques de la gravure tout comme les salles

de peinture et de sculpture le sont aux premiers du pin-
ceau et de l’ébauchoir. Ce serait pourtant une initiative de
toute justice. L’objection d’un art copiste appliquée au
cas de l’estampe ne saurait avoir ici la moindre valeur
d’entrave, car il serait impossible, à moins de parti pris
aveugle, de faire aux artistes élevés du genre l’injure de
prendre leurs savantes transpositions pour de maladroites
et serviles reproductions. La honte d’un Musée de mou-
lages en plein Louvre: voilà où serait le déshonneur;
mais la formation de salles de gravures à bonne portée
d’étude et résumant bien les groupes progressifs des
maîtres, cela comblerait, au contraire, une lacune inexpli-
cable et d’autant moins motivée en présence de la section
de la Chalcographie. Le Cabinet des Estampes renferme
 
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