L' art: revue hebdomadaire illustrée (16.1890 (Teil 2))

LE DOME D’ORVIETO.

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savait sa force, a mis une certaine coquetterie professionnelle à traiter son sujet de cette
manière, car elle lui a permis de déployer toute sa science et sa sûreté de main. Malheureuse-
ment, ces formes nues, ces documents anatomiques qui s’étalent là avec une brutale ingénuité,
ont effarouché le regard de quelque évêque, qui a fait voiler de draperies les nudités indécentes.
Le pape Pie IV en a agi de même avec les peintures de Michel-Ange à la chapelle Sixtine, et
Daniel de Volterra, qui a été chargé de cette besogne, y a gagné le surnom de Brachettone.
L’horreur du nu a causé d’autres actes de vandalisme. J'ai souvenance d’avoir vu à Arezzo, dans le

P I E T A ,

par Ippolito Scalza. (Dôme d’Orvieto.) — Dessin de Charles E. Wilson.

chœur d'un couvent de religieuses, des fresques très intéressantes où l'évêque avait fait marteler
les parties dont la vue pouvait distraire la dévotion des nonnes réunies à matines. Du reste,
dans les tableaux de Signorelli à Orvieto, il s’est trouvé que le peintre chargé de rappeler les
personnages du Jugement dernier au sentiment de la pudeur avait plus d’esprit que son évêque.
Il a employé, par-ci par-là, de la couleur instable, de sorte que, peu à peu, les écharpes dont
il avait ceint les flancs des ressuscités se sont évaporées ou ont déteint si bien qu’aujourd’hui
elles ne servent plus qu’à souligner ce qu’elles devaient dissimuler.

Le tableau des Damnés fait suite, du même côté, à celui de la Résurrection. Saint Michel
Archange, aidé de deux acolytes, préside à l’exécution du châtiment divin, tandis que les démons