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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 6 (28 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0057
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i86a.—N° 6.

BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.

28 Décembre

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN

Les oAbonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS .*

Un an.10 fr. | Six mois.6 fr.

MOUVEMENT DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ.

VENTE DU CABINET DE FEU M. BOCAGE
ARTISTE DRAMATIQUE

Commiss.-Priseur, Me Oliye. — Expert, M. Dhios.

L’hôtel Drouot pousse peu à la sensibilité.
La composition sérieuse ou baroque, mo-
notone ou ridicule, purement commerciale
ou audacieusement provocante des collec-
tions qui emplissent chaque jour ses gale-
ries, fait naître rapidement, chez celui qui
vientles passer en revue, l’indifférence ou le
scepticisme. Le curieux ne se passionne
plus que pour les séries particulières qu’il
étudie, et se sent vite blasé sur les comédies
ou les drames qui se jouent perpétuelle-
ment autour de lui. Mais les ventes après
décès des artistes ont le privilège, par les
souvenirs qu’elles évoquent, d’émouvoir les
plus endurcis.

Quoi de touchant comme l’exposition du
cabinet de Bocage? Rien que des esquisses,
des aquarelleslavéeshaut la main, des eaux-
fortes contemporaines... Mais ces esquisses,
ces croquis, ils portaient tous le nom de l’ar-
tiste avec quelque fraternelle dédicace. Ces
portraits de Bocage, dans ses principaux rô-
les, ils avaient été croqués dans sa loge. Ces
bronzes,ces statuette^ lu'.avaient étéenvo^ és
le lendemain de qu ''que éc. tant succès.
Ces costumes fanés, les avait fatigués

sous la plus dure des fatigues, celle de la
scène ; ces oripeaux de théâtre, il les avait
galvanisés mille fois, lorsqu’il nous forçait
de croire qu’il était ou Buridan ou Roger.
On dit que rien n’est triste comme l’envers
des coulisses, mais la garde-robe d’un comé-
dien est chose bien plus navrante encore !

L’acteur que nous avons applaudi sous le
nom de Bocage dans Marion Delorme, dans
Antony, dans la Tour de Nesle, dans Claudie,
s’appelait Pierre Martinier Tousez. Né à
Rouen, en 1801, il avait été successivement
ouvrier tisserand, clerc de notaire, secré-
taire d’un conseil de guerre, garçon épicier,
clerc d’huissier, comparse, comédien hors
ligne, directeur de l’Odéon, et, en dernier
lieu, il était directeur du théâtre Saint-
Marcel. 11 traversa d’un pied ferme ces
rudes 'étapes de la vie, et sut, à toutes les
époques, se conquérir d’universelles sympa-
thies et d’illustres amitiés.

Un de nos collaborateurs voulait acheter à
cette vente l’épée de Buridan ou le poignard
d’Antony, pour en faire don au Musée de
Rouen. C’était là une délicate inspiration, et
nous regrettons autant que lui qu’il n’aitpu
réaliser son désir. Il est temps, à Rouen sur-
tout, si cruel jadis pour les débuts des comé-
diens, que l’on réhabilite ces artistes con-
vaincus qui nous jettent chaque soir quelque
chose de leur âme pour exciter nos rires ou
nos pleurs. Le peintre, le poète ne meurent
pas tout entiers ; mais le comédien, si grand
qu’il ait été, quel souvenir reste-t-il de
 
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