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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 44 (20 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0376
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i863.~ÎS° 44.

BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.

20 Décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

paraissant le dimanche matin

Les Qdbonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DEPARTEMENTS :

. . 10 fr. I Six mois.6 fr.

Un an

MOUVEMENT DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ.

Le catalogue des tableaux et dessins de
Léon Villevieille était précédé de quelques
pages écrites par M. Charles Yriarte, sous
le coup d’une émotion sincère. Nous les
reproduisons, en nous associant de tout
cœur à la sympathie qu’elles expriment,
autant pour un artiste aimable, em-
porté trop tôt, que pour l’école moderne
tout entière. Villevieille était un de ces
tempéraments moyens dont les qualités
douces aident la foule à comprendre les
efforts plus audacieux des chefs de ligne. C’é-
tait moins un élève ou un imitateur de Corot
qu’un initiateur à la poésie mystique, et
parfois même trop immatérielle, du maître.

« Villevieille est mort à trente-six ans, et sa
mort a trouvé ses amis préparés depuis long-
temps à ce triste événement: il était condamné
dès sa naissance. Cette souffrance continuelle,
qui devait l’emporter à l’âge où on ne croit
pas à la mort, ce malaise de toute sa vie, n’ont
pas peu influé sur la nature de son talent.

« Villevieille allait être un maître. Entré
dans la voie frayée par Corot, il y avait trouvé
un sentier vierge, et la note qu’il a donnée lui
est parfaitement personnelle. Dessinateur
élégant, il s inquiétait beaucoup de la ligne
générale du tableau ; toutes ses toiles sont
empreintes d’une poésie qui est le reflet de
son éternelle tristesse.

« C’est un élégiaque, et tout son œuvre
gravé pourrait porter le nom qu’il a donné à
une de ses toiles les plus importantes : Mélan-
colie! Il disait quelquefois, avec ce sourire
triste qui n’était pas plus de la j oie que l'aube
n’est du soleil :

— « Lesmarchands de tableaux m’ont classé.

« Je tiens les soleils couchants, les rêveries,
« et je confectionne les bords de rivière à
« l’usage des cœurs brisés. »

« La profonde affection que nous portions
à notre pauvre ami pourrait rendre notre ap-
préciation suspecte. Théodore Pelloquet a in-
diqué, avec un tact parfait, le côté qui rendait
Villevieille si respectable.

« Ce charmant artiste était d’une dignité
absolue ; il souffrait silencieusement, et elle
est longue la litanie de ses douleurs.

« A toutes ces qualités de l’artiste (a écrit
« M. Pelloquet), Villevieille j oignait celles de
« l’honnête homme, comme on disait dans les
« deux derniers siècles, pour désigner celui
« qui était en même temps un galant homme.
« Il avait de l’esprit, très-ingénieux, très-fm
« et cultivé ; mais il avait surtout un très-
« grand courage.

« Celui que la mort vient de prendre savait
« vivre.

« Aux débuts de sa jeunesse, il eut à tra-
« verser des épreuves fort rudes. Un instant
« même, il se vit obligé de quitter son crayon
« et ses pinceaux ; il subit ce coup et bien
« d’autres, sans plainte ni forfanterie ; mais
« aussitôt qu’il le put, il revint à sa chère
« peinture.

« J’ai dit que Villevieille avait de l’esprit ;
 
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