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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 38 (20 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0328
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1863.—N° 38.

BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.

20 Octobre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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la Chronique des Arts et de la Curiosité'.

Un an

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

. . io fr. | Six mois .

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MOUVEMENT DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ.

ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

LES ENVOIS deROME.—LES CONCOURS.

~<é:. -,

L’exposition des œuvres envoyées de Rome
par les pensionnaires de l’Académie a eu lieu,
il y a quinze jours, et ainsi qu’on pouvait s’y
attendre, elle n’a montré rien de bien saisis-
sant aux curieux qui s’obstinent à aller cher-
cher des émotions à l’École des beaux-arts.
C’est vainement que chaque année la critique
monte à sa tour et qu’elle interroge l’horizon :
elle ne voit rien venir, ou presque rien. Deux
ouvrages cependant, un tableau de M. Hen-
ner et une statue de M. Falguières ont paru
dignes de quelque intérêt : il n’est pas inutile
d’en dire un mot.

M. Henner est déjà un artiste émancipé.
Son Jeune dormeur de l’exposition acadé-
mique de 1862 avait eu beaucoup de succès,
et il a fait aussi très-bonne figure lorsqu’il
a reparu au Salon dernier. Le Réveil, que
M. Henner nous envoie cette année, est conçu
sur un autre sentiment. Couché dans un ber-
ceau, auprès de sa mère endormie, un enfant
s’éveille avec ce sourire étonné qui va si bien
à ces chers ignorants. Il tient encore à la
main l’orange avec laquelle il jouait quand le
sommeil est venu le prendre; il est nu, et son
petit corps rose se détache sur des draps
blancs, mais d’un blanc qui n’est pas assez
rompu. Assise, au second plan, et trop peu

mêlée au tableau,la mère porte une robe d’un
rouge violent; les fonds sont presque noirs.
L’effet, brutalement saisi àla Caravage, paraît
dur; l’indéfinissable regard du chérubin ré-
veillé est très-imparfaitement rendu; il y a un
peu de grimace dans son sourire; nul effet
d’ailleurs dans l’arrangement des lignes, non
plus que dans la disposition des tons arbi-
trairement échantillonnés. A vrai dire, l’en-
semble de l’œuvrene trahit chez l’auteur qu’un
goût assez tiède pour l’art élevé. Toutefois
M. Henner, à nos yeux, a une qualité consi-
dérable : parmi les élèves actuels de l’Aca-
démie, il est le seul qui sache peindre. Le
corps jeune et nu de l’enfant est d’un faire
à la fois délicat et solide; les accessoires sont
traités largement, et cette brutalité des tons
associés sans méthode vaut mieux peut-être
que le coloris fade et faux des camarades de
M. Henner. On sent, dans le Réveil , la main,
désormais affranchie, d’un ouvrier intelligent
et sincère. Inutile d’ajouter d’ailleurs que
Rome et son enseignement ne sont pour rien
dans ce morceau : M. Henner ne peindrait
pas autrement s’il demeurait rue de Vaugi-
rard ; mais il sait peindre, et c’est beaucoup.

Les qualités loyales du tableau de M. Hen-
ner compromettent singulièrement le succès
des peintures exposées par les autres élèves.
M. Sellier, dont le séjour en Italie touche à
son terme, se perd de plus en plus dans l’a-
necdote. 11 a pris pour sujet cette fois la ter-
rible histoire du lévite d’Ephraïm emportant
sur son âne le cadavre de sa femme assas-
sinée par les habitants de Gabaa. La nuit a
passé sur la ville coupable, déjà le matin
blanchit le bas du ciel : le funèbre cortège
 
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