Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1863

DOI Heft:
Nr. 38 (20 Octobre)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0329
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA CHRONIQUE DES ARTS


s'avance par un âpre sentier, et le lévite se
retourne à demi pour maudire une dernière
fois le pays où le crime s’est accompli. M. Sel-
lier, rajeunissant une idée malheureuse d'Ho-
race Yernet, a imaginé de faire de son prin-
cipal personnage un Kabyleen burnous blanc;
l'âne n’est guère plus solennel, de telle sorte
que l’ensemble de la composition représente
assez bien le déménagement d’un Arabe. Une
certaine délicatesse de tondistingue cependant
cette peinture, et il y a des passages assez
lins dans le cadavre de la femme assassinée.
M. Sellier a toujours aimé les effets de lu-
mière, il a même fait paraître quelquefois un
goût décidé pour la singularité. On n’a pas
oublié son Esclave en prison, curieux tableau
où l’auteur avait résolu le problème du noir
absolu. Son Lévite d’Ephraïm est plus facile à
déchiffrer : on voit tout de suite que cette com-
position ne renferme que quelques jolis dé-
tails noyés dans un effet de brouillard.

Si les peintres avaient la mémoire du cœur,
ils dirigeraient une statue à Valère Maxime.
En racontant l’historiette fameuse du vieillard
condamné à mort et allaité par sa fille dans
son cachot, l’écrivain latin a fourni aux ima-
ginations paresseuses un sujet très-propre à
attendrir la foule et très-agréable à traiter, si
l’on en juge par le nombre des tableaux que
cette anecdote a inspirés. L’aventure paraît
d'origine grecque, et naturellement on l’ap-
pelle « la charité romaine. » M. Lefebvre a
conté à son tour cette vieille histoire, mais
mollement, et sans trop avoir l’air d’y croire.
Sa Baigneuse est plus faible encore. Le premier
devoir d’une femme qui entre au bain,ou qui
en sort,c’est d’être belle: la figure nue deM.Le-
febvre est à la fois sans réalité et sans style.

M. Benjamin Ulmann n’a guère été plus
heureux. Lorsque l’Académie des beaux-arts
crut devoir lui décerner le premier grand
prix, en 1859, nous protestâmes, et nous
protestons encore. La Défaite n’est qu’une
figure d’étude. Assis ou à demi-couché, un
jeune éphèbe, blessé dans une bataille, s’est
retiré de la mêlée pour mourir plus à l’aise.
Le glaive qui l’a si mal servi est retombé
sanglant à son côté. Dans ce tableau, comme
dans ceux qu’il a déjà signés, M. Ulmann
montre une manière effumée et amollie où la
forme perd tout son accent, où le détail du
dessin intérieur se noie dans l’inconsistance
générale. Le jeune peintre semble préoccupé
de l’idée de complaire à M. Hébert, car il est
écrit dans l’histoire de l’art que les mauvais
exemples sont toujours suivis. M. Ulmann.
est une des victimes du blaireau.

Le paysagiste de la villa Médicis, M. Gi-
rard, a du moins la main plus ferme. Dans
la Vue du ravin de Ronciglione, il reste, cer-
tainement, quelque chose de la splendide
austérité de la nature italienne; mais M. Gi-
rard a tort d’empâter siviolemment ses nuages.
Les rochers sont, sans doute, un des éléments
constitutifs dupaysage académique, mais c’est
se montrer trop zélé que d’en mettre jusque
dans le ciel.

M. Miciol est un dessinateur infatigable.
Nul n’a plus que lui l’enfantement facile ;
c’est le Scudéry de l’école de Rome; il produit
beaucoup , il produit trop. Ses nombreux
dessins ont, dans l’ensemble, peu de signifi-
cation ; mais il est graveur aussi : le portrait
qu’il a reproduit, d’après Lorenzo di Credi,
est intéressant. Et comment ne pas nous
prendre au cœur lorsqu’on traduit , même
imparfaitement , un si charmant maître !
Toutefois, il semble que le graveur aurait
pu aborder avec plus de respect l’interpré-
tation d’une œuvre exquise. Lorenzo di Credi
pousse très-loin le modelé , mais il est de
ceux qui, disant juste, n’ont pas besoin de
parler beaucoup. Sa main légère travaille sui-
des fonds légers, et, plein de dédain pour les
vulgaires artifices, il n’a pas recours à l’ombre
pour exprimer la lumière. La planche de
M. Miciol est noire, pénible, surchargée de
travaux. Nous condamnons ce système de
gravure à outrance : un Lorenzo di Credi ne
doit pas s’assombrir comme un Guerchin.

L’exposition de sculpture aurait été des plus
pauvres si M. Falguières n’avait envoyé son
Vainqueur au combat de coqs. C'est la figure
agile et courante d’un garçon de quinze
ou seize ans qui va, chantant victoire, et por-
tant, avec la palme du triomphe,le fier oiseau
qui la lui a méritée. Un vrai sentiment de
jeunesse, une science déjà remarquable de
la forme distinguent cette figure, qui a, du
reste, de l’élan et de la vie. Cette statue a
réussi autant que le Réveil de M. Henner, et
plus peut-être. Il est juste de dire queM.Fal-
guières avait obtenu la collaboration de Jean
de Bologne : le vieux maître et l’intelligent
élève ont triomphé ensemble.

Les dessins envoyés par les architectes ont
paru satisfaisants, surtout à cause de l’habileté
de l’exécution. On.a étudié avec intérêt le
projet présenté par M. Guillaume pour la
construction d’un palais destiné au logement
de notre ambassadeur à Rome. La façade est
simple, et l’ensemble a une certaine gravité
d’aspect.

L’exposition des envois des pensionnaires
 
Annotationen