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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 14 (22 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0137
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LA CHRONIQUE DES ARTS

rets profondes de Waterloo. Commencée il
y a plus de vingt ans, la collection de
M. Viardot s’était enrichie peu à peu jus-
qu’à devenir une galerie. Profitant des
connaissances qu’il avait acquises dans ses
voyages et des études qui avaient préparé
la publication de ses livres sur les musées
de l’Europe, le judicieux critique n’avait
porté son choix que sur des morceaux ex-
cellents, d’une authenticité incontestable et
d’une belle conservation. Les maîtres ita-
liens, les grands maîtres de la forme et du
style, ont toujours les préférences d’un
esprit élevé : mais ces maîtres sont rares et
leurs ouvrages, presque toujours de grande
dimension, ne peuvent guère trouver place
que dans les musées. M. Viardot s’est donc
rejeté sur les peintres hollandais, si chers
à tous ceux qui aiment la peinture pour la
peinture, et sur les artistes espagnols qu’il
avait appris à connaître depuis longtemps,
ayant commencé son éducation par l’étude
de Velasquez, à une époque où ce fier maî-
tre était à peu près inconnu en France.

An moment delse retirer à Bade, M.et ma-
dame Viardot vendront, avec leur hôtel, les
précieuses peintures qui s’y trouvaient si
bien logées. Il ne doit pas être plus cruel
de s’en séparer que d’abandonner une car-
rière où l’on a continué les triomphes de
Malibran. Bientôt, sans doute, un catalogue
nous donnera la liste et la description des
tableaux que l’enchère va disperser; mais
nous pouvons, dès à présent et de souvenir,
mentionner les principales œuvres de la
vente future.

En fait d’Espagnols, nous y avons vu un
Ribeira, un Zurbaran, et un des étonnants
portraits de cette infante au menton pesant,
aux joues enluminées, à l’œil noir, que Ve-
lasquez a plusieurs fois répétés et dont le
Louvre possède un exemplaire avec diffé-
rences.

L’école de Hollande y est représentée par
ses maîtres les plus aimables et par des
échantillons exquis. Il n’est guère d’ama-
teur, à Paris, qui n’ait visité la galerie de
M. Viardot, et qui ne se souvienne d’y avoir
admiré l'Ostade de la venteVan den Schrieck,
une des merveilles de ce peintre prodigieux,
qui au cabaret le plus misérable donne la
valeur d’un trésor. On connaît les caval-

cades d’Albert Cuyp et ses paysages pris au
bord de la Meuse, réchauffés par le soleil
de trois heures ; mais il est rare qu’on ren-
contre, signés- de lui, une scène familière,
un intérieur, et cette rareté donne un prix
et un charme de plus au grand tableau de
Cuyp que possède M. Viardot, et où l’on
reconnaît le portrai t de l’artiste avec celui de
son père. Les Gérard Dow, les Gérard Ter-
burg, les Gabriel Metsu, les Gaspard Net-
scher, ce sont là des morceaux dont les pas-
sages délicats, les fines intentions et les fins
détails échappent, en vérité, à toute des-
cription. Il en faut dire autant de Vander-
Neer, de Wouwermans, de Guillaume Van
de Velde, peintres privilégiés, qui ont eu le
secret de faire toute leur vie le même ta-
bleau, et d’y être charmants de mille ma-
nières. Quant aux Ruysdaël, ils sont ici
de genre très-différent : l’un représente un
de ces torrents peu profonds qui se heurtent
à des pjierres sur la lisière d’un bois ; l’autre
est un Champ de blé dont les épis mûrs sont
redorés encore par un rayon de soleil : le
troisième est une de ces Entrées de forêt
où s’enfoncent les rêveurs, et qui coniien-
nent plus de poésie que la nature elle-même,
parce que l’âme d’un poète y a passé.

Les Flamands ne sont pas des peintres de
chevalet, à l’exception de Breughel, de
Téniers, de PaulBril; mais, en revanche,
Téniers vaut à lui seul toute une école.

Les Singeries ne sont pas, à beaucoup
près, ce que nous aimons le plus dans son
œuvre, et le meilleur de ses morceaux,
dans la galerie, est un tableau qu’il a refait
plusieurs fois avec des changements, et
toujours à ravir, —on en voit une superbe
variante dans la galerie de Mornv,—c’est
une réunion d’armures et de harnais, cas-
ques à plumes, cuirasses, selles de velours
à clous dorés, que l’on regarderait des
heures entières s’il n’y avait sur la toile
quelques figures pleines de vie et d’esprit.

On remarque auprès de ces Téniers quel-
ques tableaux extrêmement rares; je ne
parle pas de Jean'Fyt, ni de Kalf, je parle
de Brauwer et aussi d’un bel intérieur
d’église, par Antoine Delorme, peintre à
peu près inconnu , dont le nom ne se
trouvait cité nulle part, et qu’il a fallu in-
troduire dans l’Appendice à l’Histoire des
 
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